La mort de 300 ouvriers turcs dans une mine de charbon à Soma: Une affaire de corruption qui s’ajoute au dossier d’Erdogan

Les scandales liés à la corruption, ainsi que l'échec dans la gestion de l'économie et de la politique intérieure et extérieure, réduisent les chances d'Erdogan dans les présidentielles qui se dérouleront au mois d'Août.
«Je n'entrerai plus dans une mine de charbon». Les mass médias ont fait circuler ces paroles prononcées par un travailleur turc qui a été sauvé après l'explosion qui a détruit une mine de charbon située près de Soma, à l'Ouest de la Turquie, faisant 300 morts parmi les travailleurs.
Cet incident catastrophique a dépassé, du point de vue de l'ampleur des pertes humaines, une dizaine d'incidents semblables qui ont eu lieu en Turquie depuis les années 80, dont le plus célèbre est celui qui a fait 263 morts dans la mine Zonguldak sur la mer noire en 1992.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est empressé de visiter les lieux où il a été hué par des manifestants qui l'ont accusé d'être responsable de l'incident et lui ont demandé de démissionner. En dépit d'une véritable muraille de gardiens, les manifestants ont pu s'approcher d'Erdogan qui a giflé l'un d'eux, alors que l'un de ses conseillers donnait des coups de pied à un autre manifestant qui était tombé par terre sous les coups de la garde présidentielle.
Pendant ce temps, des manifestations de protestation se sont déroulées à Ankara, alors que plus de 40 mille policiers se rassemblaient pour empêcher les manifestants d'accéder à la Place Taksim à Istanbul qui a connu, à partir du 28 mai 2013, un grand mouvement de protestation, et dont on attend à ce que son premier anniversaire soit, dans quelques jours, l'occasion pour le lancement d'un nouveau mouvement semblable.
Il parait qu'Erdogan qui ne sort d'une crise que pour entrer dans une autre, mais qui a marqué u point après la modeste victoire réalisée par son parti lors des élections locales en mars dernier, avait misé sur un nouveau progrès en exploitant même l'incident dans la mine de charbon de Soma malgré son caractère tragique. Il s'est attardé à justifier l'incident en énumérant tous les incidents semblables qui ont eu lieu depuis plus d'un siècle dans des pays comme les Etats-Unis, le Royaume uni ou la France, tout en signalant particulièrement , ceux qui ont fait un plus grand nombre de victimes et ce dans une tentative peu intelligente de minimiser l'ampleur de la catastrophe de Soma.
Mais il a oublié que les incidents qu'il voulait en tirer profit ont eu lieu à des époques où la technologie utilisée dans les travaux miniers n'avait pas atteint leur niveau actuel en ce qui concerne l'efficacité des mesures de sécurité et la réduction du nombre d'incidents et de victimes. Par conséquent, il a ajouté un élément de plus aux éléments qui donnent à l'incident dans la mine la dimension d'un véritable scandale.
En vérité, et cela est récurrent dans les avis des observateurs, les incidents de plus en plus fréquents dans les mines de charbon en Turquie sont en rapport avec l'accélération des privatisations dans ce secteur depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 du parti Liberté et Justice. En effet, ces privatisations vont de pair avec un développement flagrant de la corruption, dans la mesure où les entreprises qui obtiennent le droit d'exploitation sous-traitent à des sociétés moins importantes contre de grosses sommes d'argent que ces dernières cherchent à récupérer et à faire le maximum possible de profit en sous-payant les travailleurs et en négligeant le minimum nécessaire de protection sociale et de mesures de sécurité.
Pour ce qui est des salaires, le travailleur turc dans les mines de charbon n'est payé que moins de 1000 dollars par mois, ce qui est beaucoup plus inférieur aux salaires qui vont, pour le même secteur, de 5000 à 10 000 dollars dans des pays comme l'Australie, le Canada ou l'Europe de l'ouest.
Quant à la précarité des conditions de travail, Elp Gourkan, le président directeur général de l'entreprise qui exploite la mine de charbon en question, se flattait avant l'incident d'avoir réussi à baisser les frais de production de 130 dollars pour chaque tonne avant la privatisation de la mine, à seulement 24 dollars après la privatisation.
Cela donne une idée des opportunités qu'ouvre la privatisation au pillage par les patrons aux dépends des salaires des travailleurs et des conditions de travail.
Etant particulièrement fréquents dans la mine en question, les explosions et les incendies souvent accompagnées de lourdes pertes humaines ont, plus d'une fois, poussé les partis d'opposition à demander au gouvernement d'enquêter au sujet des mesures de sécurité qui y sont appliquées. La dernière de ces demandes a été présentée trois semaines avant la tragédie.
Le gouvernement d'Erdogan a toujours fait la sourde oreille, se contentant des déclarations données par les propriétaires de la mine et certains responsables politiques concernant la technologie avancée qui y est utilisée pour assurer les moyens de protection.
Il est donc clair que l'incident a ajouté une nouvelle affaire de corruption au dossier d'Erdogan devenu ainsi trop chargé de scandales et d'échecs sur les plans de l'économie et de la politique intérieure et extérieure.
Si le Parti d'Erdogan a pu recueillir 42 pour cent des votes dans les élections locales qui ont eu lieu en mars dernier, les voix qui n'ont pas été données au parti Liberté et Justice constituent une majorité susceptible d'aller au-delà des 58 pour cents des voix restantes. Cela signifie que trois mois seulement sont tout ce qui reste avant la chute d'Erdogan dans les élections présidentielles qui se dérouleront en Turquie en août prochain.
Source : Al-Ahednews
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