Les dessous d’une proposition

Pourquoi cette insistance de la part de certains pays occidentaux et arabes pour une prorogation du mandat de l'ex-président de la République Michel Sleiman ? C'est la question que se posent les milieux politiques après l'insistance de sayed Hassan Nasrallah dans son dernier discours à l'occasion de la fête de la libération sur le fait que jusqu'à la dernière minute du mandat de Michel Sleiman, des pays arabes et occidentaux voulaient faire passer à tout prix une prorogation de son mandat. 

Sayed Nasrallah n'a pas voulu donner de détails dans son discours, affirmant qu'un jour viendra où tout sera à la portée de tout le monde. Mais en attendant, des sources bien informées affirment que lors de la dernière rencontre entre cheikh Saad Hariri et le ministre des affaires étrangères Gebrane Bassil qui a eu lieu à Paris, le chef du Courant du Futur a laissé passer à la fin des discussions très aimables et détenues une proposition en trois points qui prévoit : une prorogation de six mois du mandat de Michel Sleiman, le limogeage du commandant en chef de l'armée le général Jean Kahwaji pour le remplacer par le général Chamel Roukoz et la promesse d'élire le général Aoun à la présidence au bout de six mois.

En dépit des démentis officiels, cette proposition a bel et bien été faite, mais elle a été rejetée par Aoun lui-même qui se serait demandé pourquoi si son élection est acquise pourquoi devrait-elle être reportée de six mois ? Malgré cela, le 24 mai, alors que la cérémonie d'adieu du président Michel Sleiman battait son plein au palais de Baabda, le chef du bureau de Saad Hariri, Nader est revenu à la charge, refaisant la même proposition et y ajoutant cette fois des garanties saoudiennes et américaines dont il serait porteur au général Aoun sur son élection à la présidence dans six mois. Cette offre a connu le même sort que la précédente, aussi bien le Bloc du Changement et de la Réforme que le Hezbollah trouvant plus que suspecte l'insistance arabe et régionale sur la prorogation du mandat de Michel Sleiman même pour une durée de six mois. Ces informations rejoignent des fuites venues du palais de Baabda avant l'expiration du mandat de Sleiman sur une possibilité de maintenir ce dernier en fonction, même pour peu de temps par souci de ne pas fermer le palais présidentiel et de ne pas porter ainsi un coup au moral des chrétiens du Liban en une période aussi délicate et alors que la présence des chrétiens dans l'ensemble de la région est remise en question. L'idée d'inventer une sorte de gestion des affaires courantes présidentielles à l'instar du gouvernement démissionnaire qui expédie les affaires courantes avait même été évoquée et elle avait obtenu les encouragements de Bkerké, soucieuse de ne pas favoriser une vacance à la tête de la République. Cette idée, comme la proposition des Hariri, n'a pas pu se concrétiser à cause de l'opposition du bloc du Changement et de la Réforme et celle du 8 Mars.

Mais la question qui se pose reste la suivante : que voulait-on donc faire passer discrètement sous couvert de maintenir le président Sleiman en fonction ? Pourquoi fallait-il à tout prix obtenir qu'il reste à Baabda, avec les pleins pouvoirs ou en expédiant les affaires courantes, même pour une simple période de six mois ? Des spécialistes constitutionnels précisent à cet égard que contrairement à ce qui se dit dans les milieux politiques, le président de la République a un rôle important au Liban, puisque sa signature doit figurer sur tous les décrets et sur toutes les décisions gouvernementales. Preuve en est le débat actuel au sein du gouvernement sur le transfert des prérogatives présidentielles, de la détermination de l'ordre du jour des réunions gouvernementales à la signature des décrets. Quelque part, il y a donc encore des zones d'ombre dans les projets élaborés par certains pays occidentaux et arabes pour le Liban. Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils ont été mis en échec grâce à la sagesse et à la sagacité du 8 Mars et de ses alliés...

Source : French.alahednews