Washington utilise le «califat» de Baghdadi contre l’Iran

Par Samer R. Zoughaib
Les Etats-Unis n’ont pas été surpris par l’offensive menée en Irak par l’«Etat islamique», de même qu’ils ne semblent pas pressés d’endiguer la progression de cette organisation ultra-extrémiste. Bien au contraire, Washington souhaite l’instrumentaliser dans le cadre des pressions exercées sur l’Iran et ses alliés dans la région.
Aucun spécialiste -digne de ce nom-, de l’Irak et de la région, ne peut croire une seconde que les Etats-Unis ont été surpris par la dernière attaque de l’«Etat islamique» (EI), qui lui a permis de prendre la deuxième ville d’Irak, Mossoul, et de vastes territoires à l’ouest, au nord-ouest et à l’est du pays. De par les moyens qu’elle nécessite, une telle attaque ne pouvait pas passer inaperçue pour Washington, qui a occupé l’Irak pendant 8 ans et y a laissé, après le retrait de son armée d’occupation, de nombreux réseaux d’agents et de collaborateurs, y compris dans les plus hautes sphères des institutions politiques et militaires irakiennes. Sans compter les moyens
technologiques sophistiqués (satellites, avions de reconnaissance et d’espionnage etc…), qui lui permettent de surveiller en permanence le territoire irakien.
Des sources diplomatiques à Beyrouth assurent que les Etats-Unis étaient non seulement bien informés des projets de l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi mais ils l’ont laissé faire et lui auraient même facilité la tâche, à travers leurs alliés saoudiens, turcs, qataris et kurdes irakiens. Ces alliés ont joué un rôle de premier plan dans l’établissement d’une coordination militaire sur le terrain entre l’«EI», certaines tribus irakiennes et d’anciens officiers de Saddam Hussein. Les médias du Golfe les appellent des «révolutionnaires», bien qu’ils combattent tous sous la bannière de l’organisation terroriste la plus sanguinaire et extrémiste de ces dernières décennies.
D’ailleurs, après avoir profité de la couverture qu’ils lui ont fournie, l’«EI» exige maintenait que ses «alliés» prêtent serment d’allégeance et d’obéissance au «calife Ibrahim», sous peine d’être anéantis.
Le peu d’empressement de Washington d’intervenir contre l’«EI» est une preuve qu’il ne considère pas que l’endiguement de cette organisation est une priorité absolue. En effet, les Etats-Unis trainent les pieds et n’ont toujours pas répondu favorablement à la demande officielle du gouvernement irakien de lancer des frappes aériennes contre les combattants de l’EI. Pourtant, les deux pays ont signé de nombreux accords militaires et sécuritaire et autres pactes de sécurité. En revanche, la Russie a livré aux forces irakiennes, en quelques jours seulement, dix avions de combat Sukhoï, qui sont déjà entrés en action contre les troupes d’al-Baghdadi.
Le «Plan B» de Washington
Les mêmes sources diplomatiques expliquent que les Etats-Unis tentent de tirer des dividendes politiques de l’avancée de l’«EI» sur le terrain, pour les exploiter contre l’Iran et ses alliés.
Il s’agirait d’un «Plan B», dont la mise en œuvre a été décidée après les graves revers de l’Amérique et de ses alliés sur la plupart des fronts régionaux. Washington a essuyé son échec le plus cuisant en Syrie, où il n’a pas réussi à renverser le président Bachar al-Assad, en dépit des moyens militaires, financiers, politiques et médiatiques gigantesques, déployés à cette fin. En plus des victoires enregistrées par son armée sur
le terrain, le président Assad a été réélu pour un troisième mandat, avec plus de 10 millions de voix. L’élection du 3 juin a constitué un choc pour l’Occident et ses auxiliaires arabes, qui ont découvert avec stupeur que la popularité de Bachar al-Assad était intacte, voire était en hausse, malgré trois ans de guerre.
La victoire de Nouri al-Maliki lors des législatives de la mi-mai, en Irak, constitue aussi une gifle pour l’Arabie saoudite, principal allié des Etats-Unis dans la région.
Face à toutes ces déconvenues, qui affaiblissent sa position alors qu‘il est en pleine négociation avec l’Iran sur le dossier nucléaire, Washington a déclenché le «Plan B», dans l’espoir de renforcer ses positions ou, tout au moins, de limiter les dégâts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que l’offensive de l’«EI» soit intervenue quelques jours seulement après la fin des élections en Syrie et en Irak. Il s’agit d’une réaction aux résultats de ces deux consultations, qui se sont soldées par une victoire des alliés de l’Iran.
Comme en Afghanistan, il y a 30 ans
Au lieu de combattre l’«EI», qui constitue une menace pour la paix mondiale, Washington a donc tenté d’instrumentaliser cette organisation, exactement comme il l’avait fait avec Al-Qaïda contre l’Union soviétique en Afghanistan, dans les années 80, ou, plus récemment, en Syrie contre le président Assad. Les Etats-Unis ont exercé des pressions pour tenter de modifier à son avantage la donne politique en Irak, faisant fi des résultats des dernières élections.
Les réelles intentions de Washington se sont surtout manifestées lors des négociations sur le dossier nucléaire iranien. Tout semble indiquer, en effet, que les Américains ont posé de nouvelles conditions pour tenter d’arracher des concessions majeures aux Iraniens. Ils auraient ainsi lié la conclusion d’un accord entre l’Occident et Téhéran à la question des armes balistiques iraniennes; ils ont réclamé la réduction du nombre de centrifugeuses à 3000 au lieu des 19000 souhaitées par l’Iran à l’horizon de 2020; ils ont posé de nouvelles exigences concernant les sites nucléaires de Natanz, Arak et Fordo; ils ont, enfin, affirmé que la levée des sanctions contre l’Iran devrait être progressive.
Ce climat répandu par les Américains laisse croire que de nombreux obstacles se dressent encore devant la conclusion d’un accord avant la date butoir du 20 juillet. D’ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui dit ce que les Américains ne souhaitent pas exprimer publiquement, a déclaré que l’Iran et les médiateurs internationaux ne peuvent s’entendre sur les points clés du programme nucléaire. Il a ajouté, mardi, qu’il existait des désaccords entre certains des pays participant aux négociations et la Russie.
La réponse de l’Iran aux pressions américaines est venue de la bouche du leader de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a déclaré que son pays aurait besoin, à terme, de 190000 centrifugeuses. Elle est venue aussi du terrain en Syrie, où l’armée syrienne poursuit son avancée, et au Yémen, où les houthites, allié de Téhéran, ne sont qu’à quelques kilomètres de Sanaa, après avoir pris la ville de Omrane et sa région.
Source: french.alahednews
Les Etats-Unis n’ont pas été surpris par l’offensive menée en Irak par l’«Etat islamique», de même qu’ils ne semblent pas pressés d’endiguer la progression de cette organisation ultra-extrémiste. Bien au contraire, Washington souhaite l’instrumentaliser dans le cadre des pressions exercées sur l’Iran et ses alliés dans la région.
Aucun spécialiste -digne de ce nom-, de l’Irak et de la région, ne peut croire une seconde que les Etats-Unis ont été surpris par la dernière attaque de l’«Etat islamique» (EI), qui lui a permis de prendre la deuxième ville d’Irak, Mossoul, et de vastes territoires à l’ouest, au nord-ouest et à l’est du pays. De par les moyens qu’elle nécessite, une telle attaque ne pouvait pas passer inaperçue pour Washington, qui a occupé l’Irak pendant 8 ans et y a laissé, après le retrait de son armée d’occupation, de nombreux réseaux d’agents et de collaborateurs, y compris dans les plus hautes sphères des institutions politiques et militaires irakiennes. Sans compter les moyens

Des sources diplomatiques à Beyrouth assurent que les Etats-Unis étaient non seulement bien informés des projets de l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi mais ils l’ont laissé faire et lui auraient même facilité la tâche, à travers leurs alliés saoudiens, turcs, qataris et kurdes irakiens. Ces alliés ont joué un rôle de premier plan dans l’établissement d’une coordination militaire sur le terrain entre l’«EI», certaines tribus irakiennes et d’anciens officiers de Saddam Hussein. Les médias du Golfe les appellent des «révolutionnaires», bien qu’ils combattent tous sous la bannière de l’organisation terroriste la plus sanguinaire et extrémiste de ces dernières décennies.
D’ailleurs, après avoir profité de la couverture qu’ils lui ont fournie, l’«EI» exige maintenait que ses «alliés» prêtent serment d’allégeance et d’obéissance au «calife Ibrahim», sous peine d’être anéantis.
Le peu d’empressement de Washington d’intervenir contre l’«EI» est une preuve qu’il ne considère pas que l’endiguement de cette organisation est une priorité absolue. En effet, les Etats-Unis trainent les pieds et n’ont toujours pas répondu favorablement à la demande officielle du gouvernement irakien de lancer des frappes aériennes contre les combattants de l’EI. Pourtant, les deux pays ont signé de nombreux accords militaires et sécuritaire et autres pactes de sécurité. En revanche, la Russie a livré aux forces irakiennes, en quelques jours seulement, dix avions de combat Sukhoï, qui sont déjà entrés en action contre les troupes d’al-Baghdadi.
Le «Plan B» de Washington
Les mêmes sources diplomatiques expliquent que les Etats-Unis tentent de tirer des dividendes politiques de l’avancée de l’«EI» sur le terrain, pour les exploiter contre l’Iran et ses alliés.
Il s’agirait d’un «Plan B», dont la mise en œuvre a été décidée après les graves revers de l’Amérique et de ses alliés sur la plupart des fronts régionaux. Washington a essuyé son échec le plus cuisant en Syrie, où il n’a pas réussi à renverser le président Bachar al-Assad, en dépit des moyens militaires, financiers, politiques et médiatiques gigantesques, déployés à cette fin. En plus des victoires enregistrées par son armée sur

La victoire de Nouri al-Maliki lors des législatives de la mi-mai, en Irak, constitue aussi une gifle pour l’Arabie saoudite, principal allié des Etats-Unis dans la région.
Face à toutes ces déconvenues, qui affaiblissent sa position alors qu‘il est en pleine négociation avec l’Iran sur le dossier nucléaire, Washington a déclenché le «Plan B», dans l’espoir de renforcer ses positions ou, tout au moins, de limiter les dégâts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que l’offensive de l’«EI» soit intervenue quelques jours seulement après la fin des élections en Syrie et en Irak. Il s’agit d’une réaction aux résultats de ces deux consultations, qui se sont soldées par une victoire des alliés de l’Iran.
Comme en Afghanistan, il y a 30 ans
Au lieu de combattre l’«EI», qui constitue une menace pour la paix mondiale, Washington a donc tenté d’instrumentaliser cette organisation, exactement comme il l’avait fait avec Al-Qaïda contre l’Union soviétique en Afghanistan, dans les années 80, ou, plus récemment, en Syrie contre le président Assad. Les Etats-Unis ont exercé des pressions pour tenter de modifier à son avantage la donne politique en Irak, faisant fi des résultats des dernières élections.
Les réelles intentions de Washington se sont surtout manifestées lors des négociations sur le dossier nucléaire iranien. Tout semble indiquer, en effet, que les Américains ont posé de nouvelles conditions pour tenter d’arracher des concessions majeures aux Iraniens. Ils auraient ainsi lié la conclusion d’un accord entre l’Occident et Téhéran à la question des armes balistiques iraniennes; ils ont réclamé la réduction du nombre de centrifugeuses à 3000 au lieu des 19000 souhaitées par l’Iran à l’horizon de 2020; ils ont posé de nouvelles exigences concernant les sites nucléaires de Natanz, Arak et Fordo; ils ont, enfin, affirmé que la levée des sanctions contre l’Iran devrait être progressive.
Ce climat répandu par les Américains laisse croire que de nombreux obstacles se dressent encore devant la conclusion d’un accord avant la date butoir du 20 juillet. D’ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui dit ce que les Américains ne souhaitent pas exprimer publiquement, a déclaré que l’Iran et les médiateurs internationaux ne peuvent s’entendre sur les points clés du programme nucléaire. Il a ajouté, mardi, qu’il existait des désaccords entre certains des pays participant aux négociations et la Russie.
La réponse de l’Iran aux pressions américaines est venue de la bouche du leader de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a déclaré que son pays aurait besoin, à terme, de 190000 centrifugeuses. Elle est venue aussi du terrain en Syrie, où l’armée syrienne poursuit son avancée, et au Yémen, où les houthites, allié de Téhéran, ne sont qu’à quelques kilomètres de Sanaa, après avoir pris la ville de Omrane et sa région.
Source: french.alahednews
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