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Le retour de l’enfant prodigue !

Le retour de l’enfant prodigue !
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Par Soraya Hélou

La mise en scène était parfaite : retour surprise en grande pompe, notamment au sérail, où les fonctionnaires qui y étaient pendant sa présidence du gouvernement l'ont salué avec émotion devant les caméras, accueil quasi triomphal pour l'homme providentiel qui revient au pays après plus de trois ans d'absence, apportant avec lui un prestigieux cadeau, le fameux milliard de dollars donné par le roi Abdallah d'Arabie en principe à l'armée libanaise, mais confié aux bons soins de cheikh Saad. Parti dare-dare après la chute de son gouvernement et la formation du gouvernement de Négib Mikati, qu'il a perçue comme une atteinte personnelle, au point de mobiliser tous ses moyens pour le discréditer et le faire chuter, Saad Hariri est donc revenu au Liban dans un timing soigneusement étudié qui lui permet d'arriver avec l'aura du sauveur au moment où les Libanais sont inquiets, divisés et où leur armée se bat contre les takfiristes à Ersal et dans son jurd. D'ailleurs, c'est bien le message que ceux qui ont mis en scène le retour de cheikh Saad ont voulu donner aux Libanais : le chef est revenu et tout va aller mieux désormais. Spontanément ou non, les médias ont véhiculé cette même idée, en donnant la parole aux citoyens soulagés, aux instances économiques qui exprimaient leur optimisme et en montrant les feux d'artifice qui ont redonné vie au Centre ville.

De là à sauter aux conclusions et à dire qu'avec le retour de cheikh Saad, toutes les difficultésLe retour de l’enfant prodigue ! vont être aplanies et Walid Joumblatt avait déjà flairé cela en se rendant chez sayed Nasrallah puis chez Michel Aoun pour débloquer le dossier présidentiel, il n'y a qu'un pas que de nombreux analystes ont franchi.

Mais, sans vouloir jouer les Cassandre, la réalité est quelque peu différente. Cela faisait déjà quelque temps que cheikh Saad voulait rentrer au pays, d'abord parce que son exil volontaire n'avait pas de sens et ensuite parce que la situation de son parti où divers courants se menaient une lutte sans merci, alors que les formations extrémistes étaient en train de gagner du terrain était devenue catastrophique. Il avait bien essayé d'utiliser l'enlèvement des pèlerins de Aazaz pour rentrer au Liban en force, amenant avec lui les otages libérés. Mais l'opération a foiré au dernier moment. Cheikh Saad a renoncé à son projet, ne sachant comment mettre fin à son exil volontaire surtout après avoir fait état de menaces sur sa vie tant que le régime syrien est encore en place. Or, il est clair désormais que le régime syrien n'est pas sur le départ. Au contraire, le président Bachar Assad est réélu pour un nouveau mandat de six ans et cheikh Saad ne peut pas attendre si longtemps pour revenir au Liban, surtout que la situation de sa propre communauté était inquiétante. Avec la montée en puissance des groupes extrémistes à Tripoli, l'arrivée massive de réfugiés syriens dont certains sont clairement affiliés aux groupes takfiristes, la prise du contrôle de la bourgade de Ersal par le front Al Nosra et Daech, le Courant du Futur était en train de perdre sa base sunnite, de plus en plus tentée par les voix extrémistes. De même, au sein du Courant, les rivalités devenaient de plus en plus aigües, entre le chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk et le ministre de la Justice Achraf Rifi, pour ne citer que ceux-là. Dans ce bloc, au départ unifié sous la houlette de Hariri, chacun parlait son propre langage et il n'y avait plus de ligne politique claire, alors que le groupe des députés de Tripoli et Akkar, connus pour leur extrémisme, semblait prendre de l'importance. En tout cas, au niveau de la scène politique, la confusion du Courant du Futur et de tous ceux qui évoluent dans son orbite était claire. Sans parler du conflit avec le mufti Mohammed Rachid Kabbani, qui a divisé encore plus la communauté sunnite et même les hommes de religion de cette communauté.

Pour toutes ces raisons, Saad Hariri ne pouvait plus rester en dehors du Liban, sinon, il risquaitLe retour de l’enfant prodigue ! de perdre toute autorité sur la scène politique, au moment où la tendance internationale et même en Arabie est de ressaisir les rênes des sunnites pour les éloigner des mouvements terroristes takfiristes. Le moment était donc le bon. Il restait à trouver le scénario. C'est alors que le roi Abdallah a eu l'idée de faire ce don à l'armée et d'en confier la responsabilité à cheikh Saad qui revient ainsi en homme providentiel, aidant une armée qui, en raison de sa lutte courageuse et héroïque contre les terroristes, bénéficie d'un grand appui populaire, toutes confessions et tendances confondues.

Le coup était donc réussi sur tous les plans. Mais le premier choc favorable passé, les choses sérieuses vont commencer. Sur ce plan, cheikh Saad va devoir préciser ses options sur le plan présidentiel, au sujet de la future loi électorale et sur les grandes questions qui alimentent aujourd'hui la vie politique. Il s'est déjà empressé de critiquer la participation du Hezbollah en Syrie. Pourtant, le Hezbollah lutte contre les mêmes takfiristes qui attaquent l'armée et son combat de l'autre côté de la frontière est un soutien indirect pour la troupe. Mais cheikh Saad ne cherche pas à voir les choses sous cet angle. Il continue aussi à attaquer le régime syrien, alors que le Liban a plus que jamais besoin de coordonner avec ce régime le retour des réfugiés syriens chez eux.

Autrement dit, jusqu'à présent, rien n'indique que cheikh Saad est revenu au Liban porteur d'une véritable solution. IL continue d'exprimer la position du royaume d'Arabie à l'égard du Hezbollah et de la Syrie. Tant qu'il en sera ainsi, il est clair qu'aucune solution ne peut être envisagée. En dépit du vent d'optimisme soulevé par ce retour spectaculaire...

Source : French. alahednews

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