Les messages de Sayyed Hassan Nasrallah

Entre lundi soir et la matinée de mardi, sayyed Hassan Nasrallah, est apparu une fois en public et a prononcé deux discours. Décryptage des messages adressés par le secrétaire général du Hezbollah à ses alliés, ses partenaires et ses ennemis.
L'apparition de Sayyed Hassan Nasrallah dans le complexe de Sayyed al-Chouhadaa, dans la banlieue sud de Beyrouth, lundi soir, a provoqué des scènes de liesse indescriptibles dans la foule. Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes se sont bousculés pour apercevoir le leader de la Résistance, vêtu d'une abaya noire, en signe de deuil à l'occasion de la commémoration du martyre de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mohammad.
La décision de Sayyed Nasrallah de prononcer son discours en public, malgré les dangers qui planent sur sa sécurité, revêt une grande importance. Elle vise, en premier lieu, à rassurer la base populaire de la Résistance en lui montrant que son chef, à la différence des autres dirigeants de la région et du monde, est prêt à prendre tous les risques pour partager avec ses partisans les moments forts, en dépit de la situation actuelle. Elle a pour but, aussi, de montrer que les menaces «israéliennes» et takfiristes n'empêchent pas Sayyed Nasrallah de se mêler à la foule, de prendre contact avec les gens, d'être plus proche d'eux. En ces temps exceptionnels, marqués par des attentats barbares, commis indistinctement contre les civils et les militaires, le devoir d'un chef n'est pas de disparaitre derrière des murs épais, mais d'être, au contraire, parmi eux. Ce thème, Sayyed Nasrallah l'a d'ailleurs développé dans son discours, mardi, en affirmant que «les massacres perpétrés par les takfiristes au Nigéria, en Irak, au Pakistan, et dans toutes les régions du monde, contre des fidèles pendant les processions religieuses, sont un signe de leur lâcheté et de leur faiblesse d'esprit». «Ces tueries ne serviront à rien et ne parviendront pas à dresser des barrages entre l'imam Hussein et ceux qui l'aiment», a-t-il dit.
Un conflit politique par excellence
Lundi soir, Sayyed Nasrallah s'est surtout adressé à ses alliés et à ses adversaires politiques, qu'il continue de considérer, malgré tout, ses partenaires dans la patrie. Il a d'abord insisté sur le fait que les guerres qui déchirent les pays de la région ne sont pas l'expression d'un conflit entre sunnites et chiites. Il ne s'agit donc pas d'une querelle religieuse mais de divergences politiques. Il a, pour cela, développé un solide argumentaire. «Il y a un grand danger dans la région, de grands conflits. Le plus facile est de les justifier en parlant d'un conflit sunnite-chiite, c'est une grave erreur», a-t-il dit. «Où est le conflit sunnite-chiite en Libye? Est-ce que la lutte entre «Daech» et le «Front al-Nosra» est un conflit sunnite-chiite? La guerre à Aïn el-Arab est-elle un conflit sunnite-chiite? Est-ce que la persécution des chrétiens en Irak est un conflit sunnite-chiite? Ce qui se passe dans la région est un conflit politique par excellence», a martelé le leader de la Résistance. S'adressant aux chiites, il les a invités à considérer le conflit comme opposant les takfiristes à tous ceux qui ne leur ressemblent pas, et non les chiites à la communauté sunnite, rappelant que parmi les victimes des extrémistes figure un grand nombre de sunnites. Dans ce contexte, Sayyed Nasrallah a dénoncé, dans son discours de mardi, le massacre par les terroristes de Daech de 500 membres de la tribu sunnite irakienne des Bou Nemr, dont des femmes et des enfants.
S'adressant aux forces politiques libanaises, le leader du Hezbollah a utilisé des propos apaisants et un ton conciliant. Il a d'abord rendu un vibrant hommage à la position des habitants de Tripoli et du Liban-Nord en général, ainsi que celle des responsables religieux et politiques «sans qui les événements auraient pris une tournure différente». Il a notamment salué le Courant du futur. «Nous devons saluer le rôle majeur joué, lors des événements du Nord, par le Courant du futur et le commandement de ce parti, a-t-il souligné, en allusion à l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Nous sommes prêts à discuter avec le Courant du futur, nous n'avons pas peur; c'est le faible qui a peur du dialogue et qui le fuit. Nous sommes prêts au dialogue», a-t-il lancé.
Vibrant hommage et soutien total aussi à l'Armée libanaise, qui «a assumé ses responsabilités nationales». Sayyed Nasrallah a rappelé au passage que «la Résistance ne s'est jamais présentée comme responsable de la sécurité et de la stabilité du pays».
Abordant la situation politique interne, le chef du Hezbollah a fermement rejeté les accusations selon lesquelles son parti voudrait «entraîner le pays vers le vide» absolu. «Nous rejetons totalement l'option du vide. Nous sommes pour toute solution empêchant cela», a-t-il martelé avant de poursuivre. «Nous avons informé tous ceux qui nous ont contactés: vous voulez des élections (législatives), nous sommes prêts à en faire. Si vous voulez la prorogation (du mandat du Parlement), nous ne la contesterons pas. Mais nous rejetons le vide».
Michel Aoun, candidat du Hezbollah
Evoquant l'épineux dossier de la présidentielle, Sayyed Nasrallah a officiellement déclaré que le candidat de son parti à la première magistrature de l'Etat est le général Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre. «Notre camp (politique) possède un pouvoir de décision au plan national, ainsi qu'un mandat régional. C'est ce que l'autre camp doit réussir à faire, a-t-il dit avant de poursuivre: «Nous sommes en faveur d'un candidat bien déterminé, tout le monde le sait, et il bénéficie de la meilleure représentation chrétienne et nationale. Les premières lettres de son nom sont... le général Michel Aoun. Certains nous disent de cesser notre soutien à cette candidature, mais ce serait injuste. Si vous attendez des changements régionaux et internationaux, vous attendrez longtemps. Le dialogue fondamental doit se poursuivre avec le candidat naturel adopté par notre camp politique.»
La Résistance plus forte que jamais
Dans son discours de mardi, Sayyed Nasrallah s'est surtout adressé aux ennemis, «Israël» en tête. Selon lui, les «Israéliens» ont bien raison de s'inquiéter, comme cet officier supérieur, qui a déclaré que «lors de la troisième guerre du Liban, Israël devra fermer l'aéroport Ben Gourion et le port de Haïfa dès le premier jour des hostilités». «Aux Israéliens je dis: vous devrez fermer tous vos aéroports et tous vos ports», a lancé le leader de la Résistance avant de poursuivre: «Vous ne trouverez pas un endroit de votre entité qui sera à l'abri de nos missiles. Les craintes qu'ils (les «Israéliens») expriment sont parfaitement justifiées et toutes leurs menaces de s'en prendre au Liban ne sont que des intimidations. Nous n'avons pas peur de la guerre, aurions nous peur des intimidations?».
Selon Sayyed Nasrallah, ce qui empêche les «Israéliens» d'exploiter le fait qu'une partie des combattants du Hezbollah sont engagés en Syrie, pour lancer une agression contre le Liban, c'est «la force de dissuasion de la Résistance et le fait qu'ils savent parfaitement que nos yeux ne s'éloignent jamais de ce qui se passe en Palestine».
«Nous devons rester vigilants mais nous ne devons pas avoir peur», a conclu sayyed Nasrallah sur un ton rassurant.
Source : French.alahednews
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