Le départ de Hagel: un limogeage dû aux différends sur «Daech» et Assad

Par Samer Zoughaib
Présenté comme une démission, le départ de Chuck Hagel, est en réalité un limogeage. Le secrétaire américain à la Défense est désormais la plus célèbre victime collatérale du cafouillis de Washington dans la guerre contre les terroristes de «Daech» et dans sa politique en Syrie.
Pour le grand public, le départ de Chuch Hagel est une surprise. Mais pour les observateurs de la politique américaine, cette affaire est un non-événement. Depuis des semaines, les divergences étaient palpables entre le patron du Pentagone et les plus proches collaborateurs du président Barak Obama au sujet de la stratégie de lutte
contre le mouvement terroriste de l’«Etat islamique» et, par conséquent, de la politique américaine en Syrie.
Les signaux illustrant ces divergences s’étaient multipliés ces derniers temps. Le 13 novembre dernier, le site Cnn.com mettait en ligne, sur sa page d’accueil, une nouvelle faisant état d’une réévaluation par la Maison-Blanche de sa politique en Syrie. Des sources «officielles et diplomatiques» indiquaient que les membres du Conseil de la sécurité nationale examinaient, sur ordre de Barak Obama, une nouvelle stratégie, basée sur l’idée que la défaite de «Daech» ne pouvait avoir lieu «sans une transition politique en Syrie». Comprendre, le départ à terme du président Bachar al-Assad.
Quelques jours plus tard, Obama réaffirmait que l’objectif de la «coalition antiterroriste» n’était pas de renverser le président syrien, coupant court aux fuites faisant état d’un réagencement des priorités de son administration. Une révision que Chuck Hagel appelait de ses vœux depuis des semaines. Le secrétaire à la Défense avait affirmé, à plusieurs reprises, que la compagne aérienne contre «Daech» renforçait Bachar al-Assad, alors que la Maison Blanche assurait que les raids ne font pas le jeu du président syrien.
Le patron du Pentagone était allé jusqu’à déplorer le «manque de clarté» de l’administration Obama vis-à-vis du sort du président Assad. Dans une note interne de deux pages citée début novembre par le New York Times, Chuck Hagel s'interrogeait ainsi sur le bien-fondé et les chances de succès de la stratégie Obama en Syrie, jugeant que sa position au sujet du sort du président Assad manquait de clarté.
Ces incartades lui ont valu d’être rappelé à l’ordre à plusieurs reprises. Ainsi, lors d'un discours important prononcé l'an dernier devant le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), un think tank de Washington, Chuck Hagel n'avait pas répondu aux questions de l'auditoire, apparemment sur ordre de la présidence.
Partisan d’un engagement au sol
Chuck Hagel s'interrogeait également sur l’efficacité du seul usage de la force aérienne contre «Daech». Un haut responsable irakien qui connaît le secrétaire à la Défense a assuré que ce dernier voulait se montrer plus offensif dans la lutte contre les terroristes de «Daech», n’excluant pas l’envoi de troupes au sol. D’où la raison de son désaccord avec Barak Obama, qui a catégoriquement et officiellement exclu la participation de l’armée américaine à des combats sur le terrain, en Irak ou en Syrie.
Ces divergences d’ordre stratégique avec les orientations du président ont contribué à isoler Chuck Hagel, qui entretenait avec les conseillers à la sécurité nationale d’Obama
des relations difficiles, qui se sont encore détériorées avec l'offensive contre «Daech». Le ministre a souffert de son incapacité à peser sur les grandes questions stratégiques, dont la lutte contre l'«Etat islamique». «Ce que je crois, c'est qu'il était très mécontent de la mini-gestion en œuvre à la Maison blanche, ce petit groupe de personnes qui prend toutes les décisions», a déclaré le sénateur républicain John McCain, spécialiste des affaires étrangères et de défense et ami de Hagel. «Je crois aussi qu'il n'a pas l'impression que nous ayons une stratégie pour combattre l'Etat islamique», a-t-il ajouté.
Barak Obama et Chuck Hagel ont commencé à évoquer l'avenir du secrétaire à la Défense à la mi-octobre, à l'initiative de Hagel, indique un haut responsable gouvernemental, cité par la presse américaine. Le porte-parole de la Maison blanche Josh Earnest, a déclaré que la mission pour laquelle Chuck Hagel avait été appelé -gérer la réduction du budget de la Défense et le prochain départ des troupes américaines d'Afghanistan- avait laissé place à une autre tâche, la lutte contre «Daech». Selon un haut responsable, Chuck Hagel s'est bien acquitté de sa mission mais à mesure que la crise en Irak et en Syrie a pris de l'ampleur, il est devenu clair pour certains conseillers de la Maison blanche que le chef du Pentagone, perçu comme faible sur le Proche-Orient, n'était plus à sa place.
Le départ du secrétaire à la Défense est intervenu aussi après la défaite des démocrates aux élections du mi-mandat, qui ont vu le renforcement de la mainmise des républicains sur les deux Chambre du Congrès. Hagel, qui était le seul républicain de l’administration Obama, a payé le prix de ce changement des rapports de force. Sa démission va permettre à Obama d'injecter du sang neuf dans son gouvernement, y compris la possibilité de nommer la première femme au poste de secrétaire à la Défense. Michele Flournoy, une ancienne sous-secrétaire à la défense, est en effet bien placée pour le poste. Les noms de Jack Reed, sénateur démocrate de Rhode Island et ancien membre d’une unité d’élite de parachutistes, et d’Ashton Carter, ancien secrétaire adjoint à la Défense, sont aussi évoqués. Chuck Hagel restera cependant à son poste jusqu’à ce que son remplaçant soit confirmé par le Sénat.
Source: french.alahednews
Présenté comme une démission, le départ de Chuck Hagel, est en réalité un limogeage. Le secrétaire américain à la Défense est désormais la plus célèbre victime collatérale du cafouillis de Washington dans la guerre contre les terroristes de «Daech» et dans sa politique en Syrie.
Pour le grand public, le départ de Chuch Hagel est une surprise. Mais pour les observateurs de la politique américaine, cette affaire est un non-événement. Depuis des semaines, les divergences étaient palpables entre le patron du Pentagone et les plus proches collaborateurs du président Barak Obama au sujet de la stratégie de lutte

Les signaux illustrant ces divergences s’étaient multipliés ces derniers temps. Le 13 novembre dernier, le site Cnn.com mettait en ligne, sur sa page d’accueil, une nouvelle faisant état d’une réévaluation par la Maison-Blanche de sa politique en Syrie. Des sources «officielles et diplomatiques» indiquaient que les membres du Conseil de la sécurité nationale examinaient, sur ordre de Barak Obama, une nouvelle stratégie, basée sur l’idée que la défaite de «Daech» ne pouvait avoir lieu «sans une transition politique en Syrie». Comprendre, le départ à terme du président Bachar al-Assad.
Quelques jours plus tard, Obama réaffirmait que l’objectif de la «coalition antiterroriste» n’était pas de renverser le président syrien, coupant court aux fuites faisant état d’un réagencement des priorités de son administration. Une révision que Chuck Hagel appelait de ses vœux depuis des semaines. Le secrétaire à la Défense avait affirmé, à plusieurs reprises, que la compagne aérienne contre «Daech» renforçait Bachar al-Assad, alors que la Maison Blanche assurait que les raids ne font pas le jeu du président syrien.
Le patron du Pentagone était allé jusqu’à déplorer le «manque de clarté» de l’administration Obama vis-à-vis du sort du président Assad. Dans une note interne de deux pages citée début novembre par le New York Times, Chuck Hagel s'interrogeait ainsi sur le bien-fondé et les chances de succès de la stratégie Obama en Syrie, jugeant que sa position au sujet du sort du président Assad manquait de clarté.
Ces incartades lui ont valu d’être rappelé à l’ordre à plusieurs reprises. Ainsi, lors d'un discours important prononcé l'an dernier devant le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), un think tank de Washington, Chuck Hagel n'avait pas répondu aux questions de l'auditoire, apparemment sur ordre de la présidence.
Partisan d’un engagement au sol
Chuck Hagel s'interrogeait également sur l’efficacité du seul usage de la force aérienne contre «Daech». Un haut responsable irakien qui connaît le secrétaire à la Défense a assuré que ce dernier voulait se montrer plus offensif dans la lutte contre les terroristes de «Daech», n’excluant pas l’envoi de troupes au sol. D’où la raison de son désaccord avec Barak Obama, qui a catégoriquement et officiellement exclu la participation de l’armée américaine à des combats sur le terrain, en Irak ou en Syrie.
Ces divergences d’ordre stratégique avec les orientations du président ont contribué à isoler Chuck Hagel, qui entretenait avec les conseillers à la sécurité nationale d’Obama

Barak Obama et Chuck Hagel ont commencé à évoquer l'avenir du secrétaire à la Défense à la mi-octobre, à l'initiative de Hagel, indique un haut responsable gouvernemental, cité par la presse américaine. Le porte-parole de la Maison blanche Josh Earnest, a déclaré que la mission pour laquelle Chuck Hagel avait été appelé -gérer la réduction du budget de la Défense et le prochain départ des troupes américaines d'Afghanistan- avait laissé place à une autre tâche, la lutte contre «Daech». Selon un haut responsable, Chuck Hagel s'est bien acquitté de sa mission mais à mesure que la crise en Irak et en Syrie a pris de l'ampleur, il est devenu clair pour certains conseillers de la Maison blanche que le chef du Pentagone, perçu comme faible sur le Proche-Orient, n'était plus à sa place.
Le départ du secrétaire à la Défense est intervenu aussi après la défaite des démocrates aux élections du mi-mandat, qui ont vu le renforcement de la mainmise des républicains sur les deux Chambre du Congrès. Hagel, qui était le seul républicain de l’administration Obama, a payé le prix de ce changement des rapports de force. Sa démission va permettre à Obama d'injecter du sang neuf dans son gouvernement, y compris la possibilité de nommer la première femme au poste de secrétaire à la Défense. Michele Flournoy, une ancienne sous-secrétaire à la défense, est en effet bien placée pour le poste. Les noms de Jack Reed, sénateur démocrate de Rhode Island et ancien membre d’une unité d’élite de parachutistes, et d’Ashton Carter, ancien secrétaire adjoint à la Défense, sont aussi évoqués. Chuck Hagel restera cependant à son poste jusqu’à ce que son remplaçant soit confirmé par le Sénat.
Source: french.alahednews
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