2014, les marges de manœuvre se resserrent devant Washington à l’intérieur et à l’extérieur

Par Akil Cheikh Hussein

Lorsqu'une lampe est sur le point de s'éteindre, elle tire de sa faiblesse de la force et envoie une lumière quelque peu éclatante. Mais elle ne tarde pas à sombrer dans l'obscurité. En l'an 2014, de nombreux observateurs signalent que cette année a connu une remarquable accélération dans le processus d'extinction de cette lampe dont les Etats-Unis se sont tant et tant flattés en prétendant qu'elle envoie ses lumières sur la totalité du monde. Quant aux turbulences militaires et politiques des Etats-Unis en 2014, elles ne sont justement que les derniers éclats qui précèdent l'extinction finale.
Au niveau des deux principales sphères de confrontation au Moyen-Orient (la guerre contre la Syrie, le dossier nucléaire iranien, la cause palestinienne) et en Ukraine, toutes les données indiquent que le projet hégémonique de l'Empire suit une trajectoire régressive. Il ne semble pas que l'ouverture par Washington et ses alliés de nouveaux fronts ailleurs dans le monde puisse changer cette équation.

Aventure pétrolière ratée

Ce que l'on peut considérer comme un nouveau choc pétrolier en retour s'avère être une aventure désespérée : Le recours saoudien -décidé par Washington- à l'arme du pétrole fait certainement des dégâts aux économies de la Russie, de l'Iran et d'autres pays qui luttent contre le projet hégémonique. Pourtant, il n'a pas empêché ces économies de fournir d'importantes aides financières à la Syrie. Des pays comme la Chine (l'allié économique politique et militaire de la Russie) est la première à tirer de grands profits de la chute du prix du baril. L'aventure saoudienne et américaine est donc comparable à l'explosion d'une bombe dans la main de celui qui cherche à la lancer. Surtout lorsqu'on sait que le budget saoudien pour l'année prochaine sera frappé d'une coupure d'environ 40 milliards de dollars. 

Victoire de Gaza et troisième Intifada

Au même moment que l'aventure pétrolière, l'entité sioniste a lancé, en coordination avec les Etats-Unis et leurs alliés et 50 jours durant, une nouvelle guerre tout aussi ratée contre Gaza. Malgré d'exorbitantes pertes humaines et matérielles, Gaza est sortie de cette guerre encore plus puissante qu'auparavant. Elle a salué l'Iran qui, moyennant des aides financières, en armements et au niveau de l'information, a joué un rôle concret dans cette victoire. En riposte aux mesures de judaïsation et de répression israéliennes, des signes avant-coureurs d'une troisième Intifada ont fait leur apparition dans les territoires palestiniens occupés. Quant au recours au Tribunal pénal international et aux reconnaissances européennes de l'Etat palestinien (encore inexistant), il sous-tend des tentatives désespérées d'éloigner la marche palestinienne de sa véritable trajectoire. 

Le Nucléaire iranien, pas de recul

Un silence total a enveloppé les véritables conclusions du cycle de négociations sur le dossier nucléaire pacifique iranien. Alors qu'on interprétait le prolongement de ces négociations pour sept mois comme un indice de leur échec, de nombreux observateurs pensent que les raisons du prolongement sont les connexions entre le nucléaire iranien et la situation politique dans la région. Mais également la crainte ressentie par Washington en liaison avec un mécontentement israélo-saoudien face à des ententes auxquelles sont effectivement arrivés les Iraniens et les Américains. D'où le prolongement serait une tentative de rechercher des conditions propices pour mettre à jour des acquis réalisés par l'Iran. 

La Chine... En avant !

D'énormes accords commerciaux dont un traité prévoyant la fourniture du gaz russe à la Chine pour 400 milliards de dollars ont été signés lors du sommet de l'APEC à Pékin. Ces accords s'inscrivent dans le contexte de la création, par les pays du BRICS, de leur propre Banque de développement destinée à libérer les pays pauvres des dictats destructeurs que leur imposent les institutions monétaires internationales. Ces pays se sont également accordés à effectuer leurs échanges dans leurs monnaies locales, ce qui constitue un coup sévère adressé à l'emprise du pétrodollar sur le marché international. Signe du crépuscule de l'ère américaine, la Chine a pu, en 2014, supplanter les Etats-Unis en occupant la place qu'ils occupaient depuis un siècle et demi en tant que première puissance économique mondiale. L'échec du «Printemps de Hong Kong» et les impudences du sommet des 20 à Brisbane ont prouvé l'incapacité de Washington de contenir la montée de la Chine et le rapprochement russo-chinois. 

Vers la désintégration de l'Europe

La crise économique qui sévit dans la plupart des pays européens et qui s'est approfondie avec les répercussions négatives des sanctions imposées, sous pression américaine, sur la Russie, ont contribué à l'explosion de problèmes comme les tendances séparatistes (Ecosse, catalogne) et les revendications populaires exigeant la sortie de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique. Les expressions les plus dangereuses de la crise se représentent par les victoires retentissantes remportées aux élections européennes par les partis de l'extrême droite. 

Le géant noir

Quant à la crise aux Etats-Unis, elle a dépassé les lignes rouges avec l'éclatement de ce qui ressemble à une intifada générale dans les conditions de la fréquence des exécutions sommaires de Noirs américains par des policiers racistes. La nouveauté est que les protestations ne sont plus réduites aux Noirs. Elles mobilisent d'ores et déjà de larges franges populaires parmi les Blancs qui souffrent de marginalisation et d'appauvrissement dans les conditions des exactions du capitalisme sauvage. 

La criminalité en tant que politique

De nombreux observateurs considèrent que le désespoir pousse les politiques américaines vers des agissements qui pourraient conduire le monde entier vers la fournaise de la guerre généralisée, ne serait-ce que pour satisfaire les exigences des marchands d'armes américains. Cet effort passe par des actions immorales et criminelles du genre qu'on voit avec l'imposition d'Al-Qaeda, Boko Haram et les Virus Ebola sur les peuples africains dans le but de piller les richesses du continent sinistré. Ou avec les deux avions malaisiens transportant des centaines de passagers et abattus afin d'en accuser la Russie et ses alliés. Ou encore avec le harcèlement américain de la Coré du Nord dans le but d'attiser la tension en Extrême-Orient. Ou encore et encore avec l'espionnage visant les gens partout dans le monde et même aux Etats-Unis, et la torture comme méthode de travail adoptée par les agences de renseignement américaines.
Dans les conditions de l'immoralité politique exercée par «The Ugly American», l'année 2014 a été notable pour ce qui est de l'aggravation, conformément à des agendas US, des crises du système mondial, des catastrophes environnementales et naturelles, du trafic des stupéfiants, de l'esclavagisme moderne, des crimes sanguinaires au niveau familial et social.

Source : Al-Ahednews