Quand le 14-Mars diffuse la propagande d’Al-Nosra

Le parcours politique du 14-Mars, depuis sa fondation en 2005, est fait d'échecs et de déceptions. Presque tous les projets et les slogans politiques brandis par cette coalition hétéroclite se sont terminés par des fiascos retentissants. Dresser une liste exhaustive de ces revers serait un travail fastidieux et ennuyeux.
Ces trois dernières années, le 14-Mars a parié sur la chute du régime syrien et, plus particulièrement, du président Bachar al-Assad. Obnubilé par son discours, il a complètement ignoré le danger takfiriste qui pèse sur le Liban et les pays de la région, que ses sponsors régionaux et internationaux ont contribué à créer et à alimenter. Aujourd'hui, l'Occident et les pétromonarchies du Golfe voient leur jeu se retourner contre eux, ce qui explique leur virage dans le dossier syrien.
Au fils des mois, la principale composante du 14-Mars, le Courant du futur, a été contraint, face à l'évolution de la situation, à abandonner ses positions politiques. Après avoir affirmé haut et fort qu'il ne participerait à aucun gouvernement dans lequel serait représenté le Hezbollah, il a finalement siégé dans le Cabinet de Tammam Salam, aux côtés de la Résistance. Après avoir assuré qu'il ne dialoguerait pas avec le Hezbollah tant que ce dernier n'aurait pas retiré ses troupes de Syrie, le voilà qu'il discute avec des représentants de ce parti. Après avoir nié pendant des années l'existence d'un danger takfiriste, les principales figures du Courant du futur, notamment son chef Saad Hariri et le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, évoquent sans détour «la menace terroriste» qui plane sur le pays. Après avoir milité pendant trois ans pour l'ouverture totale des frontières pour accueillir les réfugiés syriens, rejetant les mises en garde sur les méfaits d'une telle politique, les représentants du Moustaqbal, plus particulièrement M. Machnouk et le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, défendent becs et ongles la fermeture des frontières et l'instauration du régime des visas pour les citoyens syriens.
Après avoir accusé le Hezbollah d'être responsable de l'apparition de la menace terroriste au Liban, des voix commencent à s'élever au sein du Courant du futur pour reconnaitre le rôle déterminant joué par la Résistance dans la défense de la frontière Est. Ce nouveau retournement est confirmé par les propos de Nouhad Machnouk, qui a déclaré, en octobre, que l'examen du rôle du Hezbollah dans la protection des frontières est «envisageable». M. Machnouk avait même qualifié de «martyrs» les combattants du parti tombés en repoussant l'attaque terroriste dans le jurd de Brital, début octobre 2014.

L'ancien discours toujours de mise

En dépit de la nouvelle politique observée chez le commandement du Courant du futur, des personnalités du 14-Mars continuent d'utiliser l'ancien discours, à croire qu'elles n'ont pas -ou ne veulent pas- réaliser le changement intervenu. C'est notamment le cas de certains éditorialistes et proches de cette coalition, qui continuent d'écrire -dans des journaux soi-disant respectables- que le «Hezbollah a importé au Liban la menace terroriste». Pourquoi font-ils semblant d'ignorer que la présence active des groupes terroristes au Liban est bien antérieure à la participation de la Résistance à la guerre en Syrie? Ont-ils oublié le maquis terroriste de Denniyé, en décembre 2000-janvier 2001? Ne se souviennent-ils pas de Nahr el-Bared, où les extrémistes ont tué, en 2007, 170 soldats et officiers de l'armée libanaise? Que pensent-ils des cellules terroristes responsables des attentats de Aïn Alak (Metn), de Bohsas (Tripoli) etc...?
C'est le cas aussi du site internet officiel du 14-Mars, qui qualifie les martyrs de la Résistance tombés en défendant la frontière Est de «morts» et appelle «révolutionnaires syriens» les terroristes du Front al-Nosra -la branche syrienne d'Al-Qaïda-, qui ont attaqué la position de Masrab, à Flita, la semaine dernière. Ce site, ainsi que les plateformes de plusieurs autres partis du 14-Mars et des chaines de télévision proches de cette coalition se sont transformés en relai de la propagande d'al-Nosra, en adoptant sa version des faits et en diffusant, en boucle, les vidéos sur ses soi-disant exploits militaires dans le Qalamoun.
Aveuglés par la haine, certains continuent de nier l'évidence: si la Résistance n'avait pas consentis tous ces sacrifices dans les zones frontalières au Liban et en Syrie, «Daech» aurait peut-être étendu son «califat» jusqu'aux côtes de la Méditerranée. 

Source : French.alahednews