Cuba, une plaie béante pour Washington

Par Akil Cheikh Hussein
Le «Grand rapprochement» dirigé par Obama avec Cuba est ce qui répond le mieux avec ce qu'exige le recul des politiques américaines partout dans le monde. Mais les va-t-en-guerre américains en prennent une attitude opportuniste tout en faisant semblant d'ignorer qu'il cache une nette tendance vers le reversement du régime cubain par une méthode «soft».
C'est, probablement, parce qu'ils sont entrés dans une phase avancée de vieillesse, il n'est plus possible pour un événement en relation proche ou lointaine avec les Etats-Unis, de ne pas susciter un conflit entre les forces influentes à l'intérieur de la classe politique américaine.
Exploitation opportuniste de l'événement
Ces forces sont supposées placer l'intérêt des Etats-Unis au-dessus de tout autre intérêt.
Cependant et sans s'arrêter devant les caractères positifs ou négatifs du «Grand rapprochement» entre leur pays et Cuba, elles ont donné la priorité à l'exploitation opportuniste de l'événement.
De la part des Républicains, les adversaires d'Obama, l'auteur de l'événement, mais aussi des Démocrates qui appartiennent avec Obama à la même maison politique.
Le sénateur Robert Menendez, un Démocrate qui a occupé jusqu'à récemment des hauts postes dans l'administration américaine, a vu dans le rapprochement un coup de pouce donné à ce qu'il a qualifié de «comportement brutal du gouvernement cubain». Quant à John Boehner, ce Républicain qui préside actuellement la Chambre des représentants, il l'a considéré comme un nouvel épisode dans «une longue série de concessions irréfléchies à une dictature qui brutalise son peuple».
... Et ainsi de suite. Toute une foule d'accusations à l'encontre de Cuba dénoncée comme responsable de tous les maux pas possibles, et à Obama accusé de naïveté, de manque de performance et de mollesse face aux ennemis des Etats-Unis.
Aucun des contestataires n'a osé dire que ce qu'il fallait faire était l'invasion du Cuba à l'instar de ce qui a été fait sous le Démocrate, John Kennedy en 1959, invasion qui s'est soldée par un fiasco lamentable. Ou à l'instar de ce que G.W.Bush était sur le point de faire avant d'y renoncer suite à sa défaite en Afghanistan et en Irak.
Ils se sont donc contentés d'insister sur le fait que l'embargo imposé par les Etats-Unis sur Cuba depuis plus de 50 ans devrait se poursuivre jusqu'à la chute du régime et la réalisation des aspirations du peuple cubain à la liberté et à la démocratie. Ils ressassent ainsi sans vergogne le mensonge qu'ils ont fait avaler à beaucoup de peuples avant de devenir un grand scandale.
Un changement de méthode
Poussant l'opportunisme à sa limite extrême, ils ne se sont pas donné la peine de bien considérer l'attitude d'Obama et de la juger avec un minimum de responsabilité et d'objectivité. S'ils l'avaient fait, ils auraient constaté qu'Obama tient comme eux, si ce n'est pas encore plus d'eux, à se venger de Cuba et à lui appliquer un châtiment exemplaire qui servirait de leçon pour quiconque ose s'opposer aux Etats-Unis.
Obama n'a fait, en effet, que reconnaitre que l'embargo n'a pas réussi à atteindre ses objectifs. Et il a complètement raison, puisque Cuba résiste toujours et elle ne s'est pas écroulée même lorsqu'on s'attendait à son écroulement après l'effondrement de son appui soviétique. De plus, sa résistance a joué un rôle décisif en renforçant en Amérique latine le sentiment de pouvoir tenir tête à Washington.
Qu'Obama reconnaisse l'échec de l'embargo ne veut pas dire que les Etats-Unis ont jeté les armes et se devaient de verser des indemnités et des dédommagements à La Havane. Pour lui, le «Rapprochement» n'est qu'un remplacement de ce qu'il a appelé «une vieille approche qui, durant des décennies, n'a pas rendu service à nos intérêts». Ce qui veut dire que son initiative est une tentative de servir les intérêts américains mais avec une méthode autre l'animosité ouverte et l'embargo.
Comparée aux succès retentissants de l'hégémonie américaine pendant les deux dernières décennies du siècle passé, cette hégémonie a subi des reculs sensibles du moment où, arrogants et téméraires, les Néoconservateurs n'ont pas hésité de lancer leur guerre contre le monde à partir de pays qui, comme l'Afghanistan et l'Irak, ne constituent aucune menace pour les Etats-Unis. En effet, cette guerre a échoué, les percées de l'Otan et de l'Union européenne dans l'espace russe se sont stoppées, la Russie a repris avec force sa place sur la scène internationale, la Chine a occupé la première place à l'échelle mondiale sur le plan économique, le mythe de la suprématie israélienne s'est ruiné et l'Iran s'est transformé en une incontournable puissance régionale et internationale.
Au moment où Washington cède les places du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et d'Europe de l'Est à des guerres par procuration que mènent des forces locales et des mercenaires qui n'ont pas d'autres perspectives que la propagation à terme du chaos, elle se dirige vers le Pacifique qui n'est, avant tout, que son flanc mou face aux deux puissances émergentes, la Chine et la Russie.
Cependant, la région du Pacifique et surtout la plupart des pays de l'Amérique latine qui s'inspirent du modèle cubain se sont libérés du joug américain et le fantôme de l'effondrement menace d'ores et déjà les Etats-Unis eux-mêmes qui croulent sous le poids de la crise économique et autres problèmes sociaux dont l'insurrection récente des Noirs et le renforcement de sentiment d'identité hispanique n'en sont pas les moindres.
D'où, nous comprenons la portée du discours d'Obama qui, défendant son «rapprochement» avec Cuba, a lancé en langue espagnole «Nous sommes tous américains !».
Il s'agit d'une tentative de gagner ou de neutraliser les proches voisins tout en cherchant à les liquider par des moyens qui ne sont plus originaux : Réaliser ce que l'invasion et la pression extérieurs n'ont pas pu réaliser en tentant de faire imploser de l'intérieur les pays visés.
C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre les activités dirigées, deux semaines après le début du «Grand rapprochement», et conformément à des directives émanant de la plus haute autorité américaine, par l'artiste/activiste cubaine Tania Bruguera. Des activités ayant clairement comme but la provocation d'une révolution «de couleur» dans la savoureuse ile que les dinosaures de la politique aux Etats-Unis rêvent de traîner vers ce qu'elle fut avant la révolution dirigée, en 1959, par Fidel Castro et Che Guevara.
Source : Al-Ahednews
Le «Grand rapprochement» dirigé par Obama avec Cuba est ce qui répond le mieux avec ce qu'exige le recul des politiques américaines partout dans le monde. Mais les va-t-en-guerre américains en prennent une attitude opportuniste tout en faisant semblant d'ignorer qu'il cache une nette tendance vers le reversement du régime cubain par une méthode «soft».
C'est, probablement, parce qu'ils sont entrés dans une phase avancée de vieillesse, il n'est plus possible pour un événement en relation proche ou lointaine avec les Etats-Unis, de ne pas susciter un conflit entre les forces influentes à l'intérieur de la classe politique américaine.
Exploitation opportuniste de l'événement
Ces forces sont supposées placer l'intérêt des Etats-Unis au-dessus de tout autre intérêt.

De la part des Républicains, les adversaires d'Obama, l'auteur de l'événement, mais aussi des Démocrates qui appartiennent avec Obama à la même maison politique.
Le sénateur Robert Menendez, un Démocrate qui a occupé jusqu'à récemment des hauts postes dans l'administration américaine, a vu dans le rapprochement un coup de pouce donné à ce qu'il a qualifié de «comportement brutal du gouvernement cubain». Quant à John Boehner, ce Républicain qui préside actuellement la Chambre des représentants, il l'a considéré comme un nouvel épisode dans «une longue série de concessions irréfléchies à une dictature qui brutalise son peuple».
... Et ainsi de suite. Toute une foule d'accusations à l'encontre de Cuba dénoncée comme responsable de tous les maux pas possibles, et à Obama accusé de naïveté, de manque de performance et de mollesse face aux ennemis des Etats-Unis.
Aucun des contestataires n'a osé dire que ce qu'il fallait faire était l'invasion du Cuba à l'instar de ce qui a été fait sous le Démocrate, John Kennedy en 1959, invasion qui s'est soldée par un fiasco lamentable. Ou à l'instar de ce que G.W.Bush était sur le point de faire avant d'y renoncer suite à sa défaite en Afghanistan et en Irak.
Ils se sont donc contentés d'insister sur le fait que l'embargo imposé par les Etats-Unis sur Cuba depuis plus de 50 ans devrait se poursuivre jusqu'à la chute du régime et la réalisation des aspirations du peuple cubain à la liberté et à la démocratie. Ils ressassent ainsi sans vergogne le mensonge qu'ils ont fait avaler à beaucoup de peuples avant de devenir un grand scandale.
Un changement de méthode
Poussant l'opportunisme à sa limite extrême, ils ne se sont pas donné la peine de bien considérer l'attitude d'Obama et de la juger avec un minimum de responsabilité et d'objectivité. S'ils l'avaient fait, ils auraient constaté qu'Obama tient comme eux, si ce n'est pas encore plus d'eux, à se venger de Cuba et à lui appliquer un châtiment exemplaire qui servirait de leçon pour quiconque ose s'opposer aux Etats-Unis.
Obama n'a fait, en effet, que reconnaitre que l'embargo n'a pas réussi à atteindre ses objectifs. Et il a complètement raison, puisque Cuba résiste toujours et elle ne s'est pas écroulée même lorsqu'on s'attendait à son écroulement après l'effondrement de son appui soviétique. De plus, sa résistance a joué un rôle décisif en renforçant en Amérique latine le sentiment de pouvoir tenir tête à Washington.
Qu'Obama reconnaisse l'échec de l'embargo ne veut pas dire que les Etats-Unis ont jeté les armes et se devaient de verser des indemnités et des dédommagements à La Havane. Pour lui, le «Rapprochement» n'est qu'un remplacement de ce qu'il a appelé «une vieille approche qui, durant des décennies, n'a pas rendu service à nos intérêts». Ce qui veut dire que son initiative est une tentative de servir les intérêts américains mais avec une méthode autre l'animosité ouverte et l'embargo.
Comparée aux succès retentissants de l'hégémonie américaine pendant les deux dernières décennies du siècle passé, cette hégémonie a subi des reculs sensibles du moment où, arrogants et téméraires, les Néoconservateurs n'ont pas hésité de lancer leur guerre contre le monde à partir de pays qui, comme l'Afghanistan et l'Irak, ne constituent aucune menace pour les Etats-Unis. En effet, cette guerre a échoué, les percées de l'Otan et de l'Union européenne dans l'espace russe se sont stoppées, la Russie a repris avec force sa place sur la scène internationale, la Chine a occupé la première place à l'échelle mondiale sur le plan économique, le mythe de la suprématie israélienne s'est ruiné et l'Iran s'est transformé en une incontournable puissance régionale et internationale.
Au moment où Washington cède les places du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et d'Europe de l'Est à des guerres par procuration que mènent des forces locales et des mercenaires qui n'ont pas d'autres perspectives que la propagation à terme du chaos, elle se dirige vers le Pacifique qui n'est, avant tout, que son flanc mou face aux deux puissances émergentes, la Chine et la Russie.
Cependant, la région du Pacifique et surtout la plupart des pays de l'Amérique latine qui s'inspirent du modèle cubain se sont libérés du joug américain et le fantôme de l'effondrement menace d'ores et déjà les Etats-Unis eux-mêmes qui croulent sous le poids de la crise économique et autres problèmes sociaux dont l'insurrection récente des Noirs et le renforcement de sentiment d'identité hispanique n'en sont pas les moindres.
D'où, nous comprenons la portée du discours d'Obama qui, défendant son «rapprochement» avec Cuba, a lancé en langue espagnole «Nous sommes tous américains !».
Il s'agit d'une tentative de gagner ou de neutraliser les proches voisins tout en cherchant à les liquider par des moyens qui ne sont plus originaux : Réaliser ce que l'invasion et la pression extérieurs n'ont pas pu réaliser en tentant de faire imploser de l'intérieur les pays visés.
C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre les activités dirigées, deux semaines après le début du «Grand rapprochement», et conformément à des directives émanant de la plus haute autorité américaine, par l'artiste/activiste cubaine Tania Bruguera. Des activités ayant clairement comme but la provocation d'une révolution «de couleur» dans la savoureuse ile que les dinosaures de la politique aux Etats-Unis rêvent de traîner vers ce qu'elle fut avant la révolution dirigée, en 1959, par Fidel Castro et Che Guevara.
Source : Al-Ahednews
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