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Arabie saoudite: la lutte de pouvoir a déjà commencé

Arabie saoudite: la lutte de pouvoir a déjà commencé
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Par Samer R. Zoughaib

Le roi Abdallah n'avait pas encore été inhumé que le nouveau souverain, Salmane Ben Abdel Aziz, procédait à une série de nominations visant à écarter des postes-clés les proches du monarque défunt et à placer ses propres fils ou alliés.
Il a ainsi désigné l'actuel ministre de l'Intérieur, le prince Mohammed ben Nayef (55 ans), futurArabie saoudite: la lutte de pouvoir a déjà commencé prince héritier, et nommé son fils, Mohammed Ben Salmane, ministre de la Défense et chef du cabinet royal. Les deux nominations renforcent au sein de la dynastie des Saoud l'influence de la branche des Soudaïri, qui s'était affaiblie durant le règne du roi Abdallah.
La rapidité de ces nominations est présentée comme un signe de la volonté de préserver la stabilité du royaume wahhabite. Mais de nombreux experts y voient, au contraire, l'illustration d'une sourde lutte d'influence au sein de la famille royale, d'autant que Salmane, 79 ans, souffre de nombreux problèmes de santé et n'aurait plus toutes ses capacités intellectuelles pour gouverner et prendre les décisions de son propre chef.
La nomination de Mohammed ben Salmane à la Défense est perçue, par les observateurs, comme une volonté de contrôler l'armée régulière, pour faire contrepoids à la Garde nationale, dirigée par Moteeb Ben Abdallah, le fils du roi défunt, qui a pris la succession de son père lequel a dirigé pendant des décennies cette armée parallèle.
Le contrôle de l'armée a d'ailleurs fait l'objet d'un intense bras de fer en 2014. Le roi défunt Abdallah avait limogé, en mars 2014, le vice-ministre de la Défense, Salmane ben Sultan Ben Abdel Aziz, et procédé à une restructuration à la tête de l'institution militaire, avec la mise à la retraite du chef d'état-major, le général Hussein al-Qubail.
Dans une série de décrets, l'ancien souverain avait relevé de ses fonctions le prince Salmane ben Sultan et nommé le prince Khaled ben Bandar ben Abdel Aziz pour lui succéder comme vice-ministre de la Défense. Trois mois plus tard, ce même Khaled était relevé de ses fonctions en raison de divergences avec le prince héritier aujourd'hui devenu roi.

Affaiblir Moteeb Ben Abdallah

La prise en main de l'armée traduit la volonté d'affaiblir les fils de Abdallah, notamment Moteeb, considéré par certains comme le prochain roi après Moqren ben Abdel Aziz. Ce dernier est considéré par les analystes comme un «roi de transition» entre deux générations. Car après lui, la succession, qui se faisait d'une manière horizontale entre les fils les plus puissants du roi fondateur Abdel Aziz Al Saoud (mort en 1953), devrait passer aux petits-fils. Et les prétendants au trône dans cette génération sont extrêmement nombreux. Ils se comptent par dizaines. En nommant Mohammad ben Nayef, le roi Salmane et ses alliés au sein de la famille royale veulent barrer la route à Moteeb, qui reste l'un des princes les plus puissants du fait qu'il dirige la Garde nationale.
La nomination de Mohammad ben Nayef marque aussi l'échec de l'institutionnalisation de la succession tentée par Abdallah pour préserver l'unité de la famille royale, à travers la création d'un Conseil de la Bayaa (Allégeance), en 2006. Il semblerait que ce conseil, formé des princes saoudiens les plus en vue, n'a pas fonctionné. Il n'est pas clair s'il a été consulté ou tout simplement mis devant le fait accompli.
Avant d'être le choix de la famille Saoud, Mohammad ben Nayef est celui des Etats-Unis. Ce prince a effectué ces deux dernières années plusieurs voyages à Washington, où il a été reçu par Barak Obama, contrairement au protocole. Depuis quand en effet le président des Etats-Unis reçoit-il à titre officiel un ministre de l'Intérieur?
Mohammad ben Nayef, artisan de la lutte contre Al-Qaïda à l'intérieur du royaume, est donc un choix sécuritaire voulu par l'Amérique. Son positionnement en tant que futur roi va sans doute relancer et intensifier la lutte de pouvoir au sein de la seconde génération. La stabilité tant chantée par le monde ne sera plus alors qu'un vieux souvenir.
Ces changements à la tête de ce royaume pétrolier, dirigé par une alliance entre une monarchie archaïque et le courant wahhabite, prônant une interprétation ultra-rigoriste de l'islam, interviennent à un moment crucial. En plus de ses difficultés économiques, sociales, et sécuritaires internes, l'Arabie saoudite est entourée de crises, qu'elle a souvent elle-même provoquée avant qu'elles ne lui échappent: au Yémen, en Irak, à Bahreïn et en Syrie.
Il faut ajouter à cela la baisse des capacités de l'État-providence, la multiplication et la diversification des contestations internes, la répression des chiites, la crise du logement et la pauvreté, due au recul des recettes à cause de la baisse des prix du pétrole.
Pour toutes ces raisons, l'avenir de l'Arabie saoudite semble plus sombre que jamais.

Source : French.alahednews

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