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Rifi, principal accusé dans la diffusion des vidéos de la honte

Rifi, principal accusé dans la diffusion des vidéos de la honte
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Samer R. Zoughaib

Les abominables images de tortures infligées par des membres du service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) à des détenus dans la prison de Roumié ont mis en exergue au moins deux affaires: les pratiques barbares d'agents relevant d'un service formé par l'actuel ministre de la Justice, Achraf Rifi, et la féroce rivalité entre les responsables du Courant du futur.

Pris au piège de son propre jeu, le ministre de la Justice et ancien directeur des Forces deRifi, principal accusé dans la diffusion des vidéos de la honte sécurité intérieure (FSI), Achraf Rifi, a choisi la fuite en avant. Il a accusé le Hezbollah d'être à l'origine de la diffusion des vidéos des tortures infligées par des agents du service de renseignement des FSI à des détenus de la prison de Roumié. Mais un faisceau de preuves montre que toute cette affaire est l'œuvre de Rifi, dans le cadre d'un règlement de compte avec son «collègue» du Courant futur, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouq, qui jouit du soutien du chef du parti, l'ancien Premier ministre Saad Hariri.
Le déroulement des faits, le dimanche 21 juin, pointe clairement le rôle de M. Rifi dans toute cette affaire. Les premières vidéos montrant des policiers en train de battre sauvagement des détenus ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux dimanche matin. Alors que l'opinion publique n'était pas encore au courant de l'existence de ces vidéos, M. Rifi publie un communiqué, vers midi, demandant au procureur général près la cour de cassation d'ouvrir une enquête. Il convoque ensuite à son domicile de Tripoli une réunion du «Rassemblement des ulémas musulmans», ce qui traduit une volonté de donner à l'affaire, dès le début, une connotation sectaire. Il conclue par une conférence de presse, accusant «les débris de la mentalité (du président syrien Bachar) al-Assad d'être responsable des tortures».
L'enchainement des événements et la rapidité avec laquelle Achraf Rifi a réagi, alors que peu d'internautes avaient visionné les vidéos, laissent penser qu'un scénario minutieux avait été préparé à l'avance pour faire mousser cette affaire, pour des raisons politiques. D'ailleurs, ce n'est qu'après l'intervention de M. Rifi que les vidéos ont circulé comme une trainée de poudre sur la Toile.

Le discours extrémiste de Rifi

M. Rifi base son discours politique sur la fibre sectaire, se présentant comme le défenseur de la communauté sunnite. Ses positions sont toujours plus radicales que celles affichées officiellement par le Courant du futur. M. Rifi a choisi la voie de l'extrémisme, à l'instar des députés Khaled Daher (exclu du bloc parlementaire du futur pour ses prises de positions) et Mouïn al-Merhebi, pour entretenir une popularité au sein des franges les plus radicales. Son discours va à contre-courant de la position officielle du Courant du futur, qui cherche à maintenir un contact minimal avec ses adversaires politiques au Liban, notamment le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du général Michel Aoun.
On constate, assez facilement, que la principale cible de cette affaire est le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouq, pour deux raisons:
1-les prisons relèvent de son ministère;
2-M. Machnouk avait annoncé que le démantèlement de l'«émirat de la prison de Roumié», au début de l'année, s'était déroulé sans incident. Or les vidéos des tortures prouvent le contraire.
L'incitation de Rifi contre Machnouq a très vite donné ses fruits. Des manifestants en colère, brandissant les étendards noirs du «Front al-Nosra» et de l'«Etat islamique» ont bloqué, dimanche, les routes à Tarik el-Jdidé, Tripoli et au Akkar, ainsi qu'à Saadnayel-Taalabaya et à Qab Elias dans la Bekaa. Les jeunes ont scandé des slogans contre le ministre de l'Intérieur, le traitant de «Kafer» (incroyant).
La rivalité entre MM. Rifi et Machnouq se traduit par l'existence de deux discours au sein du Courant du futur. Rifi affiche ainsi une hostilité déclarée contre le Hezbollah et s'avère conciliant avec les mouvements extrémistes, à qui il accorde souvent une couverture. M. Machnouk, lui, prône la sévérité envers les takfiristes et le dialogue avec la Résistance. Il fait d'ailleurs partie de la délégation du Courant du futur au dialogue avec le Hezbollah. Les deux hommes lorgnent le poste de Premier ministre, au cas où les circonstances politiques ne permettraient pas le retour aux affaires de M. Hariri.

Hariri tranche en faveur de Machnouq

Dans ce contexte, M. Rifi a mal accepté le fait que Saad Hariri se fasse accompagner, lors de sa dernière visite en Arabie saoudite, de M. Machnouq, alors qu'il a été lui-même exclu de la délégation.
Le tapage de M. Rifi vise donc à affaiblir son rival et à embarrasser M. Hariri. Des sources bien informées affirment, d'ailleurs, que les vidéos auraient été diffusées par un officier du service de renseignement des FSI, au sein duquel M. Rifi possède une forte influence pour avoir dirigé ce département pendant près de 10 ans.
Cependant, Saad Hariri a vite réagi en apportant son soutien à M. Machnouq. Il l'a appelé au téléphone en premier pour lui exprimer son appui, avant de contacter Rifi pour l'inciter à mettre un terme à cette campagne fratricide. Le quotidien As-Safir titre en Une, ce mercredi: «Hariri fait avorter le ‘coup d'état' contre Machnouq».
Soumis aux pressions de son chef, Achraf Rifi a choisi la fuite en avant. Rendant visite à Nouhad Machnouq, mardi, il a accusé le Hezbollah d'avoir diffusé les vidéos. Mais le ministre de l'Intérieur s'est abstenu de cautionner ces accusations. «Quatre films ont été rendus publics en même temps. Les gens en ont visionné deux et rares sont ceux qui ont vu les deux autres que seul le Hezbollah possède», a déclaré le ministre de la Justice.
Le Hezbollah a publié un communiqué rejetant en bloc les accusations de M. Rifi, les qualifiant de «complètement erronées et malhonnêtes». «Il est désolant que le ministre de la Justice lance des accusations infondées et sans preuves alors qu'il est chargé de veiller à ce que le travail de tout le monde se fasse sous la loi et les institutions judiciaires, précise le Hezbollah. Il est honteux que le principal accusé dans cette affaire, M. Rifi, se dérobe à ses responsabilités devant sa conscience, la loi et l'opinion publique en accusant les autres», conclut le communiqué.
Enfin, le député du Hezbollah Nawar el-Sahili a estimé que les violences contre les détenus constituent une violation des droits de l'homme et des droits de chaque prisonnier.

Source : French.alahednews

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