La dette grecque: Un problème qui persiste même si une solution est trouvée

Akil Cheikh Hussein
La hantise de voir se disloquer l'Union européenne est ce qui explique l'arrivée à une solution consistant à accorder davantage de nouveaux prêts à la Grèce pour l'aider à rembourser les dettes qu'elle n'arrive pas à rembourser. Cette solution ne parait pas assez efficace car elle n'énerve pas le fond du problème dans la mesure où elle ne met pas de limites à la cupidité des riches de l'Union qui, parait-il, tiennent à complètement faire saigner le reste de ses membres.
Ceux qui sont pour mettre l'Union européenne et la Zone euro à l'abri de l'effondrement peuvent ne pas être optimistes: La tenue d'un sommet de l'Union prévu pour Dimanche soir afin de discuter d'une solution de la crise de la dette grecque été annulée quelques heures avant la date fixée pour sa tenue. L'impossibilité, samedi, pour les ministres des finances de la zone euro d'arriver à un accord les a obligés à suspendre leurs discussions.
Négociations difficiles
Reste le sommet des pays de la zone euro qui, dit-on, ne s'arrêtera qu'avec l'arrivée des négociations à un résultat décisif. Cependant, il ne faut pas exclure le danger que représente le «rocher de Sisyphe» qui risque de retomber tout en bas, même si l'issue est positive de ces négociations reconnues difficiles par toutes les parties. Il suffit pour retourner à la zone zéro, qu'un seul parmi huit parlements européens n'agrée aucun accord conclu par le sommet de la zone euro sur la base d'accepter les propositions apportées par Alexis Tsipras à Bruxelles.
Dans les milieux opposés à l'impérialisme et aux politiques néolibérales responsables de l'aggravation de la situation de crise en Grèce et au niveau de l'économie mondiale en général, d'aucuns en Grèce et ailleurs ont condamné ce qui a été considéré comme une trahison vis-à-vis de la cause du peuple grec de la part de Tsipras accusé de collision avec la troïka.
En effet, nombreux sont qui se sont réjouis du «non» du peuple grec au référendum du 5 juillet face au plan d'austérité proposé par la troïka. Pour eux, ce non a fait trembler les assises de l'Europe unifiée et a annoncé la faillite du modèle de l'Union européenne. Par conséquent, il devait conduire à une attitude aussi radicale et courageuse de celle prise en 2002 par l'Argentine qui avait décidé de ne pas rembourser la plus grande partie de sa dette qui ne faisait que se gonfler par les intérêts et les services depuis les années soixante du siècle dernier.
La vérité est que Tsipras voulait obtenir, pour la troisième fois, un nouveau plan d'aide, après les deux plans du 2010 et 2012 qui ont procuré à la Grèce 240 milliards d'euros de dettes qui n'ont pourtant pas réussi à résoudre le problème.
Pour faciliter à ses interlocuteurs le fait d'accepter son plan, il a pris soin d'y insérer des propositions qui vont à l'encontre des promesses électorales qui lui avaient assuré l'accès à la présidence.
Dans les limites du possible
Pour être équitable envers Tsipras, il faut signaler que ses propositions ne sont pas une soumission aux dictats des préteurs. Il s'agit plutôt d'un compromis qui a des chances d'aboutir dans les limites du possible. S'il est vrai que ses propositions comprennent des mesures d'austérité supplémentaires, elles comprennent également d'autres qui exigent l'annulation de 30 pour cent d'une dette grecque de plus de 323 milliards d'euros ainsi qu'une période de grâce de 20 ans pour les dettes restantes. Les préteurs doivent accepter ces deux propositions comme condition indispensable pour l'adoption par la Grèce d'un sérieux plan de développement qui est, à son tour, une condition indispensable pour le remboursement des dettes restantes et pour la fin de la crise.
Le parlement grec a accepté les propositions de Tsipras et lui a donné le feu vert pour les négocier à Bruxelles. Selon certaines sources, elles étaient considérées comme «positives» par certains préteurs, à l'exception de l'Allemagne soutenue par les pays baltes. En effet, Angela Merkel a refusé d'annuler une quelconque partie des prêts allemands inconditionnellement et a insisté sur le manque de confiance envers Athènes. Elle n'a même exprimé aucune inquiétude au sujet d'une possible sortie de la Grèce de la zone euro. Bien au contraire, elle a même proposé une telle sortie pour une durée de 5 ans. Il est clair que, derrière cette proposition, il y a une Merkel persuadée que les problèmes auxquels sera confrontée la Grèce l'obligeront à se plier aux dictats des préteurs.
Mais les répercussions catastrophiques d'une telle rupture conduiront rapidement à des situations analogues en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Italie et n'épargneront tous les autres pays qui, comme la Grèce, succombent sous le poids de dettes souveraines largement supérieures à leur produit intérieur brut.
Les gouvernements européens, y compris le gouvernement allemand, n'ignorent pas ce danger. C'est lui qui explique l'accord donné par le sommet de la zone euro d'accorder de nouveaux prêts à la Grèce qui, conjointement avec de nouvelles mesures d'Austérité, permettront à ce pays d'en finir avec sa crise.
Voilà des paroles semblables à celles qu'on a entendues à l'occasion des deux premiers plans de sauvetage, et qui appellent au pessimisme… sauf si la Grèce décide d'adopter l'exemple argentin surtout que la Russie et les pays du Brics se montrent prêts à lui fournir leur aide.
Source: french.alahednews
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