noscript

Please Wait...

achoura2025

 

La Turquie sur la voie de la pakistanisation

La Turquie sur la voie de la pakistanisation
folder_openAnalyses access_time depuis 9 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Samer R. Zoughaib

Depuis le début de la guerre en Syrie, les dirigeants iraniens, syriens, russes, ainsi que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ont averti les pays qui soutiennent les groupes terroristes que cette politique va finir par se retourner contre eux. La France et les Etats-Unis en ont fait l'amère expérience, depuis le début de cette année. C'est, maintenant, au tour de la Turquie d'en payer le prix.

La Turquie est le pays qui a contribué le plus activement au renforcement et à la propagation du terrorisme en Syrie et en La Turquie sur la voie de la pakistanisation
Irak, ces quatre dernières années, avec la bienveillance et la complicité des Etats occidentaux engagés dans la guerre contre le gouvernement syrien. Au vu et au su des autorités turques, «Daech» et d'autres groupes extrémistes disposent en Turquie d'une logistique complète pour le transit des pseudo-extrémistes venus du monde entier pour aller torturer, assassiner et détruire l'infrastructure et les institutions de l'Etat syrien. Des centres d'accueil, aux appartements sécurisés, en passant par les recruteurs et les montages financiers, «Daech» a étendu ses réseaux tentaculaires d'Istanbul à la frontière syrienne. Des dizaines de milliers d'apprentis terroristes ont transité par ces réseaux. Alors que la Turquie niait obstinément ces faits connus de tous, l'Occident, complice hypocrite, minimisait le phénomène, en parlant de «cas isolés». Et puis lorsque la vérité a explosé à Charlie Hebdo et ailleurs, il a commencé à reconnaitre progressivement la gravité de la situation. Les Occidentaux ont d'abord fait état de «quelques centaines de volontaires» seulement, avant d'admettre le chiffre de 25000 «candidats au jihad». Le vrai nombre est certainement beaucoup plus élevé.

Plaque tournante et base-arrière

Le rôle de la Turquie dans le soutien aux terroristes n'est pas limité au transit. Les services de renseignements turcs ont établi des camps d'entrainement, où des milliers de combattants ont été formés avant d'être envoyés en Syrie. Des armes et des munitions ont été livrées aux diverses «brigades rebelles», dont les actions militaires sont coordonnées par une salle d'opération basée en Turquie, appelée MOM.  

Le pays de Recep Tayyeb Erdogan est donc en même temps une plaque tournante et une base-arrière pour «Daech» et consorts. Les experts parlent d'un phénomène de «pakistanisation» de la Turquie, avec tout ce que cela implique comme risques pour la stabilité du pays et, à terme, pour la souveraineté de l'Etat sur son propre territoire.

Le jeu turc dure depuis quatre ans mais la situation s'est récemment aggravée à cause de l'incertitude qui règne sur la scène politique intérieure. En effet, depuis un mois et demi, les dirigeants du pays ne parviennent pas à former un nouveau gouvernement, après la perte de la majorité absolue par le Parti Justice et développement (AKP) d'Erdogan.

Ces derniers mois, les pressions internes se sont accrues, provenant aussi bien de milieux politiques que d'anciens commandants retraités des forces armées ou des services de sécurité. Les appels à collaborer avec le gouvernement syrien et à commencer une lutte commune contre les organisations terroristes, se sont multipliés.

Dans le même temps, les critiques externes contre «l'inaction» d'Ankara face aux filières terroristes ont augmenté.

Devant ces nouvelles réalités, les autorités turques ont pris quelques mesures timides contre «Daech», en procédant à l'arrestation d'une poignée de ressortissants européens transitant par le pays pour aller rejoindre la Syrie. Mais ces mesures constituent, aux yeux de l'organisation terroriste d'Abou Bakr al-Baghdadi, une trahison des accords tacites passés entre les deux parties. Conformément à ces accords, Ankara ferme les yeux sur les activités de «Daech» en Turquie, et l'organisation terroriste promet de ne pas commettre des attentats ou des attaques sur le territoire turc.

«Daech», un problème interne turc

Après des mises en garde verbales, «Daech» a décidé de riposter au changement d'attitude, quoique tout relatif, des autorités turques. C'est dans ce contexte qu'a eu lieu l'attentat de Suruc, qui a montré que le territoire turc n'était plus sanctuarisé, en dépit de toutes les facilités accordées par le pouvoir d'Erdogan aux groupes terroristes.

Le choc provoqué par l'attentat-suicide dans l'opinion publique turque a poussé les autorités à déclarer qu'elles prendraientLa Turquie sur la voie de la pakistanisation
des mesures sérieuses pour endiguer le flux de pseudo-extrémistes. Mais la tâche ne sera pas facile. «Après plusieurs années de transit délibéré, financé et organisé par les pays occidentaux et par les monarchies du Golfe, il ne sera pas facile de revenir en arrière», écrit l'expert russe Tural Kerimov dans un article publié sur le site Sputnik. Il est évident qu'en l'absence de politique claire à l'égard de la résolution de la crise syrienne tant de la part de la Turquie que de ses alliés qui poursuivent, en grande partie, des objectifs très différents, il sera très difficile de prendre des mesures efficaces», poursuit l'auteur avant d'ajouter: «Dans le contexte de l'approfondissement continu de la crise dans le pays voisin et du flux infini de réfugiés et de militants, on observe également la radicalisation de différentes couches de la société turque: les sympathisants de l'État islamique et d'autres mouvements radicaux sont de plus en plus nombreux».

Ces propos ont été confirmés par l'opération policière d'envergure qui a eu lieu à travers tout le pays dans la nuit du 23 au 24 juillet, avec la participation de près 7000 policiers et agents des services de sécurité. Les descentes ont visé les réseaux de «Daech» et parmi les 250 personnes arrêtées, 200 sont des citoyens turcs. Cela prouve que l'organisation terroriste dispose d'un fort ancrage au sein de certaines franges de la société turque. Le kamikaze de Suruc est d'ailleurs de nationalité turque.

La Turquie, qui a essayé d'instrumentaliser la carte terroriste pour renforcer son influence régionale, est victime de son propre jeu. Désormais, «Daech» est aussi un problème interne turc.

Source : French.alahednews

Comments

//