La diplomatie saoudienne et ses multiples discours: confusion ou stratégie?

Au moment où ce qui reste des miliciens de Zabadani passent leurs derniers moments sur cette partie du territoire syrien, les coulisses des entretiens entre les représentants des pays régionaux et internationaux concernés par le dossier syrien témoignent d’une multitude de propositions, de contestations et d’ententes qui reflètent la récente vitalité à l’égard de ce dossier.
De fait, les pays concernés ont tranché leur décision: le président syrien Bachar Assad demeurera au pouvoir. La solution à la crise est d’ordre politique. Sauf l’Arabie. Son ministre des Affaires étrangères déclare toujours des positions antagonistes, illustrant la confusion dans laquelle est plongée la famille au pouvoir, dont les décisions sont désormais prises selon la condition au Yémen. Une condition toujours instable.
En effet, la position ferme annoncée par le ministre saoudien des AE, Adel Joubeir à Moscou, ne s’inscrit pas dans le contexte des positions qu’il s’est engagé de prendre durant ses entretiens avec ses homologues, américain et russe à Doha. Dans la capitale qatarie, Joubeir avait annoncé l’engagement de son pays dans la vision russo-américaine pour le règlement de la crise syrienne. Une vision basée sur l’exclusion de tout débat sur le sort du président Assad dans toute entente sur le règlement de cette crise.
Assad restera à la tête d’un gouvernement mixte
Des sources diplomatiques bien informées indiquent dans ce contexte à Al-Ahednews, que tous ceux qui planchent sur le dossier syrien ont l’impression que la diplomatie saoudienne adopte deux discours contradictoires sur la position saoudienne officielle quant aux solutions possibles à la crise syrienne. Actuellement, Riyad adopte un discours médiatique orienté vers ses alliés et leurs milieux populaires. Un discours teinté de fermeté et d’hostilité envers la Syrie, et son président. Et un autre discours adopté dans les salons politiques, loin des medias. Un discours flexible qui prend en compte les limites imposées par Washington durant cette période, dans l’approche de la crise syrienne. Des limites prenant en compte lerèglement politique de la crise, le maintien du président Assad à la tête d’un gouvernement regroupant les loyalistes et les opposants dont les prérogatives lui permettraient de gérer la crise du pays et dont la priorité serait de lutter contre le terrorisme illustré par «Daech» et les organisations qui seront exemptées de la solution.
La même source ajoute que selon la solution proposée par les États-Unis,une conférence serait tenue à Genève autour de la Syrie sous le parrainage des Nations Unies, après laquelle seront lancées les démarches de la solution progressive, à commencer par le gouvernement mixte et transitoire.
Le renoncement de Washington à la demande du départ d’Assad est dû aux craintes de l’extension des organisations terroristes fondées et nourries notamment par ses alliés, mais aussi au rôle efficace de l’armée syrienne dans la lutte contre «Daech» et la crainte de ne pas garantir l’arrivée au pouvoir, en cas de déroulement de la présidentielle, d’un autre président qu’Assad.
En effet, le ministre saoudien avait annoncé, lors des réunions de Doha, l’engagement de son pays dans l’approche américaine. Il a affirmé que l’Arabie était prête à discuter du fait du maintien d’Assad comme partie de la solution politique en Syrie, mais à condition qu’il ne fasse pas partie du panorama final de la Syrie post-révolution. Kerry aurait donné une réponse positive à Joubeir à ce propos !
La proposition de la solution citée ci-dessus est d’origine américaine, non russe comme on indique dans les medias.
Une proposition avancée par Kerry à Doha. Moscou en a, plus tard, informé Téhéran. Bien sûr, l’Iran et la Russie ont réitéré leurs positions refusant tout dictat imposé de l’extérieur au peuple syrien. Ils ont de même refusé que le sort du président Assad soit une condition à toute solution. Ces positions sont apparues comme une double réponse à la déclaration de Joubeir ayant dépassé les limites posées ultérieurement.
La source précise que la rencontre entre le chef du Bureau de la Sécurité nationale, le général Ali Mamlouk et le prince héritier second d’Arabie, Mohammad Ben Salman, suite à une médiation russe, fut le résultat de l’engagement des autorités saoudiennes dans les limites tracées quant au maintien d’Assad au pouvoir. La source en question révèle qu’une deuxième rencontre est prévue à Moscou, sauf si des complications surviendraient au dernier moment.
Ces développements successifs dans le dossier syrien et dont la voie a été pavée par la signature de l’accord nucléaire, ne sont pas dissociés d’autres similaires dans le passé. De fait, les sources évoquent des efforts émiratis et égyptiens, précédant la signature de l’accord nucléaire. Des efforts ayant abouti à une réunion irano-égyptienne à haut niveau à Abu Dhabi, sous le parrainage de cheikh Mohammad Ben Zayed Al-Nahyan.
La même source ajoute que durant l’entretien, on aévoqué la possibilité de la tenue d’une réunion urgente de la Ligue arabe, regroupant les rois, présidents et émirs arabes, ainsi que le président Assad. Une réunion qui serait une sorte de reconnaissance directe de la Ligue à l’égard de la légitimité d’Assad. Quelques jours plus tard, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Arabi a fait sa fameuse déclaration, dans laquelle il a annoncé que la Ligue remet en question ses positions envers la Syrie.
La source affirme que les autorités saoudiennes étaient au courant des débats de la réunion d’Abou Dhabi, des efforts émiratis et égyptiens et de la réunion irano-égyptienne et même de la déclaration de Nabil Arabi avant sa publication.
Sur ce, la source bien informée du dossier syrien et des médiations en cours, affirme que le maintien d’Assad comme étant une partie essentielle de la solution prévue en Syrie, est désormais une des constantes chez toutes les parties régionales et internationales. Et de conclure que l’escalade sur le terrain précèdera l’annonce de démarches significatives dans le contexte de la solution et que les déclarations tendues, tout comme des bombes fumigènes seront lancées ici et là en attendant que toutes les parties reconnaissent une vérité: pas de guerre contre le terrorisme sans Assad.
Source: Al-Ahednews, traduit par l'équipe du site
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