Une large majorité des Américains s’oppose à une intervention militaire contre l’Iran

Par AlAhed avec le Figaro
Si la population américaine considère toujours l’Iran comme une menace, elle semble désormais vouloir privilégier la diplomatie à l’usage de la force.
«Je vais peut-être le faire, peut-être pas». Donald Trump continue de laisser planer le doute sur une intervention américaine directe contre l’Iran aux côtés d’«Israël». «Je veux dire, personne ne sait ce que je vais faire», a indiqué le président mercredi 18 juin devant la presse. Mais la population américaine, elle, semble avoir son avis (tranché) sur la question.
Selon un sondage YouGov pour The Economist, si 50% des Américains considèrent l’Iran comme un ennemi des États-Unis, seulement 16% d’entre eux estiment que l’armée devrait s’impliquer dans le conflit. Ils sont une large majorité (60%) à s’y opposer, quand les autres (24%) hésitent. Cette majorité semble d’ailleurs transpartisane : 65% des démocrates, 61% des indépendants et 53% des républicains s’opposent à une intervention militaire.
Il s’agit d’une réelle évolution de la mentalité américaine, sans doute fatiguée par les guerres à répétition menées aux quatre coins du monde ces dernières décennies.
Car en 2019, 53% de la population se déclarait en faveur d’une opération militaire pour empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires, selon un sondage pour Fox News. Pourtant, la même proportion de population considère aujourd’hui (61% contre 60% en 2019) que le programme nucléaire iranien représente une menace pour les États-Unis.
Des Américains plus isolationnistes ?
Cinq ans plus tard, les Américains montrent qu’ils veulent privilégier la diplomatie. Ils sont ainsi 56% à vouloir user de cette méthode concernant le programme nucléaire, démocrates (58%) comme républicains (61%). Sur ce sujet aussi, la posture des Américains a évolué depuis 10 ans. Peu après l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, 32% de la population avait montré son hostilité à des négociations. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 18%. Dans le sillage de leur président, les Américains prennent donc un virage plus isolationniste et anti-guerre. Mais Donald Trump semble pâtir de ses récents atermoiements. L’enquête de YouGov indique que le chef d’État perd quatre points d’approbation sur sa gestion de l’Iran, et sept sur sa gestion d’«Israël».
En réalité, les positions s’expliquent sans doute par le fait que les Américains ont vu le «danger iranien» s’éloigner ces dernières années, au profit d’autres, plus concrets. Un sondage du Pew Research Center publié en 2024 et relayé par CNN montre que la hiérarchie des ennemis des États-Unis a changé. Désormais, ils citent la Chine (64%) et la Russie (59%) avant l’Iran (42%). Bien que préoccupée par la perspective de voir la république islamique se doter de l’arme nucléaire, la population américaine ne considère pas cette possibilité comme une menace immédiate nécessitant le déploiement de l’armée américaine.
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