Guerre en Ukraine: Nouveaux pourparlers directs à Istanbul au lendemain d’une attaque d’ampleur de Kiev sur l’aviation russe

Par AlAhed avec AFP
Des délégations russe et ukrainienne doivent se rencontrer, à nouveau lundi, à Istanbul, au lendemain d’une attaque d’ampleur de Kiev sur l’aviation russe.
Moscou et Kiev avaient déjà engagé de premières discussions directes le 16 mai dans la métropole turque, mais le rendez-vous avait été peu fructueux, les deux pays ne s’engageant que sur un échange de prisonniers à grande échelle.
Le principal négociateur russe sera Vladimir Medinski, un conseiller idéologique de Vladimir Poutine, qui a mené les négociations avortées de 2022, a rédigé des manuels scolaires justifiant l’operation militaire russe et remis en question le droit à l’existence de l’Ukraine.
La délégation ukrainienne sera dirigée par le ministre de la défense, Rustem Umerov, considéré comme un fin négociateur mais dont le ministère reste empêtré dans des scandales.
Des «conseillers diplomatiques» d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni seront «sur le terrain (…) en étroite coordination avec l’équipe de négociation ukrainienne», a déclaré dimanche à Berlin un porte-parole du gouvernement allemand.
Le nouveau cycle de négociations doit débuter lundi à 13 heures (12 heures à Paris) au palais Ciragan, une demeure impériale ottomane sur les rives du Bosphore devenue un hôtel de luxe depuis.
La Russie avait annoncé qu’elle présenterait un «mémorandum» de ses conditions pour un accord de paix, qu’elle a refusé de transmettre à l’avance à l’Ukraine comme Kiev le réclamait.
Des suspects arrêtés
Cette nouvelle rencontre survient au lendemain de l’une des attaques ukrainiennes les plus audacieuses et réussies jamais menées sur le sol russe, jusqu’en Sibérie.
Un vaste assaut coordonné de drones contre quatre aérodromes militaires russes a touché plusieurs dizaines d’avions, dont des bombardiers stratégiques, selon les services de sécurité ukrainiens.
La Russie a confirmé dimanche que plusieurs de ses avions militaires avaient «pris feu» lors d'une vaste attaque de drones ukrainiens, affirmant avoir arrêté des suspects.
«Dans les régions de Mourmansk et d'Irkoutsk (respectivement dans l’Arctique russe et en Sibérie orientale), plusieurs appareils aériens ont pris feu à la suite du lancement de drones FPV depuis un territoire situé à proximité immédiate des aérodromes», a écrit le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Le premier des deux aérodromes cités, Olenia, est à près de 1.900 kilomètres de l’Ukraine, et le deuxième, Belaïa, à environ 4.300 kilomètres de l’Ukraine.
Les drones FPV («First person view» en anglais) permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.
«Les incendies ont été maîtrisés. Il n'y a pas de victimes parmi les militaires et le personnel civil», a ajouté cette source.
Le ministère a ajouté que «certains participants aux attentats ont été arrêtés».
Opération préparée pendant plus d’un an et demi
Selon une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU), quelque 41 avions ont été touchés, dont notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar A-50.
Les SBU ont affirmé que l’attaque avait causé des dégâts sur l’aviation russe à hauteur de 7 milliards de dollars.
Les services ukrainiens ont publié une vidéo censée montrer la base de Belaïa, dans laquelle on peut voir plusieurs appareils en flammes, des panaches de fumée noire s’en élevant. Il s’agirait de la première attaque ukrainienne aussi loin du front.
L’Ukraine a cette fois fait passer clandestinement en Russie des drones, ensuite cachés dans des structures en bois dans le plafond de containers de transport, selon la source ukrainienne, qui ajoute que leurs toits ont ensuite été ouverts à distance pour laisser s’envoler les engins.
Des vidéos, relayées par des médias russes, montrent des drones semblant s’envoler de camions.
L’opération ukrainienne, au nom de code «toile d’araignée», a été préparée pendant plus d’un an et demi et supervisée par le président Volodymyr Zelensky, selon la source ukrainienne.
Elle a visé d’autres aérodromes dans les régions d’Ivanovo, de Riazan et de l’Amour, soit aux confins de la Chine dans l’Extrême Orient russe, mais ces attaques ont été repoussées, a assuré le ministère russe.
Le président Zelensky a salué le «résultat absolument brillant» de l’attaque, précisant qu’«il s’agit de notre opération à la plus longue portée» menée à bien grâce à l’utilisation de 117 drones.
Selon lui, l’opération a été préparée depuis «un an, six mois et neuf jours».
Il a par ailleurs assuré que les agents impliqués dans la préparation de l’attaque ont été «extraits du territoire russe à temps».
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