La guerre d’usure contre «Israël» est une priorité pour l’Iran: Un tournant stratégique dans la guerre

Par Ali Haidar - AlAkhbar
Épuiser «Israël» et réaliser une résilience stratégique sont devenus des priorités iraniennes, dans un affrontement qui a atteint une nouvelle phase avec l'intervention américaine. Ce contexte s'accompagne de scénarios ouverts d’une escalade à long terme.
Bien que l'agression américaine ait été ponctuelle en termes d'objectifs directs et d'outils utilisés, et qu'elle ait été suivie d'une déclaration indiquant que les États-Unis avaient terminé leur mission jusqu'à présent, elle a constitué un tournant stratégique dans le cours de la guerre. Cela est particulièrement vrai car les États-Unis ont complété ce que l'armée ennemie n'a pu accomplir seule.
De plus, la menace américaine de réitérer les frappes indique une tentative des États-Unis de redéfinir la décision stratégique iranienne concernant le programme nucléaire, les missiles balistiques et les options régionales.
Cette implication américaine est survenue neuf jours après le déclenchement de la guerre que «Israël» a menée contre l'Iran, au cours de laquelle il a ciblé des installations nucléaires et des plateformes de missiles, sans réussir à atteindre les objectifs fixés par le cabinet restreint. Ces objectifs comprenaient l'infliction d'un coup décisif au programme nucléaire, la destruction de l'arsenal de missiles, l'affaiblissement de «l'axe chiite», ainsi que la création de conditions politiques visant à empêcher l'Iran de reconstruire ses capacités après la guerre, par des moyens politiques.
Cependant, les faits sur le terrain ont prouvé la limitation de la capacité «israélienne» à atteindre ces objectifs sans soutien externe.
L'Iran a continué de riposter à l'agression, atteignant même un nouveau niveau avec des frappes sans précédent qui ont suivi l’offensive américaine. Cela a intensifié la pression sur le front intérieur «israélien» et a menacé d'allonger la durée de la guerre tout en épuisant les capacités de «Tel Aviv».
Contexte stratégique
Il est impossible de dissocier la frappe américaine de son contexte stratégique. Elle n'est pas simplement un soutien tactique pour «Israël», mais constitue une intervention directe dans le champ de bataille, avec des implications sur la nature de la guerre et ses équilibres. En effet, elle a ciblé ce que l'ennemi n'avait pas pu atteindre, à savoir l'infrastructure profonde du programme nucléaire iranien.
De plus, elle a envoyé un message politique clair indiquant que les États-Unis étaient prêts à intervenir militairement si l'Iran persistait à maintenir ses positions sans faire de concessions substantielles tout en poursuivant le pilonnage des zones stratégiques de l’entité, renforçant ainsi la position de Téhéran dans l'équation.
Le pari sur l'engagement américain repose sur l'idée que l'intérêt de l'Iran consiste à éviter une guerre ouverte avec les États-Unis, même s'il n'est pas prêt à se rendre. Téhéran est conscient que l'acceptation d'un règlement depuis une position de faiblesse contredirait sa vision stratégique de son statut régional et de l'indépendance de sa décision souveraine. Par conséquent, tout accord potentiel doit être fondé sur un équilibre de la dissuasion et non sur un principe d'imposition, d'autant plus qu'il pourrait façonner l'avenir de l'Iran, du régime islamique et de la situation de la République dans les domaines économique, militaire et dissuasif.
La guerre et le système régional post-conflit
Dans ce contexte de tensions, les adversaires de l'Iran n'utilisent pas seulement des frappes militaires comme principale arme, mais envoient également un message sous-jacent : les pressions continueront, tant sur le plan militaire que politique, à moins que Téhéran ne revoie sa vision pour l'après-guerre, en adéquation avec la réalité imposée par les opérations militaires et l'alliance américano-«israélienne». Cela inclut le quatrième objectif approuvé par le «cabinet israélien restreint», qui vise à garantir que l’Iran ne puisse pas restaurer et développer sa capacité nucléaire et balistique dans l'avenir. Ainsi, la guerre se déroule réellement sur la forme du système régional dans la phase post-conflit.
Complexités de la réponse iranienne
En revanche, l'Iran évolue politiquement et militairement dans l'espace qui sépare de la soumission et la capitulation non envisagées, tout en évitant une guerre ouverte avec les États-Unis et l'entité ennemie. Ainsi, il cherche à sortir de la guerre dans un état de résilience qui lui permet de maintenir ses principes stratégiques, tout en infligeant des coûts à ses adversaires, rendant difficile leur capacité à cibler la République islamique à nouveau à l'avenir.
C'est pourquoi la réponse iranienne se caractérise par un caractère progressif, concentrant ses opérations sur le front intérieur de l’ennemi direct, qui constitue la base américaine la plus importante dans la région. Cela fait que tout affaiblissement de cette base représente un revers pour l'influence américaine dans son ensemble.
Ainsi, en réponse aux messages américains, les frappes iraniennes visent à saper la sécurité «israélienne» et à contester l'objectif de dissuasion commun américano-israélien. Téhéran tente également d'imposer une nouvelle équation qui rétablit l'équilibre sur la scène régionale, en se présentant comme une puissance capable de menacer les symboles de la suprématie stratégique américaine dans la région, notamment «Israël».
En réalité, la poursuite de ce type de réponse iranienne, durant la guerre ou après, constitue la base d'une équation de dissuasion alternative qui permet à la République islamique de continuer ses politiques internes et externes sans ne se soumettre ni faire de concessions forcées.
Scénarios possibles : Vers où se dirige la guerre ?
Avec l'engagement militaire des États-Unis et la réponse croissante de l'Iran, plusieurs scénarios peuvent être envisagés, parmi lesquels :
1-Poursuite de la guerre sur un mode d'épuisement : Il est probable que les opérations se poursuivent plus longtemps que prévu, avec une intensification des réponses réciproques, jusqu'à ce que des conditions politiques ou militaires émergent imposant un cessez-le-feu, que ce soit par médiation ou par le manque des options.
2-Flexibilité politique iranienne : Ce scénario repose sur l'hypothèse que l'Iran pourrait renoncer à certains de ses principes, selon les paris des États-Unis. Si Téhéran estime que le régime islamique est menacé, il pourrait envisager des alternatives. Cependant, ce scénario reste faible pour l'instant et n'est pas soutenu par des indicateurs.
3-Recul israélien concernant les objectifs : Ce scénario repose sur l'idée qu'«Israël» pourrait voir dans la poursuite de la guerre une menace pour sa sécurité nationale en raison de sa transformation en guerre d'usure qui minerait ses capacités et l'unité politique, populaire et institutionnelle qu'il connaît actuellement. Cela pourrait être renforcé par une hypothèse de retrait américain de la participation militaire dans la guerre; une option très difficile à accepter pour l'ennemi, car elle signifierait une remise en question de l'image de dissuasion israélienne et une victoire de l'Iran, avec des répercussions très graves sur l'environnement régional, ce qui, jusqu'à présent, ne montre aucun signe.
4- Expansion de l'engagement américain : Ce scénario repose sur l'idée que l'Iran continue de résister et d'attaquer le fond stratégique «israélien», poussant l'administration Trump à élargir sa participation militaire directe pour affaiblir le régime iranien, espérant que cela convaincra Téhéran d'accepter les exigences américaines. Cependant, ce scénario ouvre la porte à des risques plus graves, tant sur le plan régional qu'international, et pourrait entraîner les États-Unis dans une guerre qu'ils ne désirent pas actuellement, en contradiction avec leurs priorités qui se concentrent sur la menace chinoise, sans oublier la situation interne américaine.
À la lumière de ce qui précède, il est clair que la guerre n'est pas encore arrivée à sa fin. Bien que la frappe américaine soit présentée comme une étape vers sa fin, elle pourrait marquer le début d'une phase plus complexe d’escalade. Au lieu de préparer le terrain pour une solution, elle pourrait élargir le champ de confrontation, redéfinissant ainsi les équilibres de pouvoir dans la région pour les décennies à venir.
En résumé, la guerre et grâce à l'engagement américain, est devenue plus liée à l'avenir de tout le Moyen-Orient, et pas seulement au sort du programme nucléaire iranien.
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Comment la manœuvre iranienne a piégé «Israël» ?
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